« Frères, l’Esprit de Dieu est toujours avec nous. La Pentecôte est à  notre portée. Si le Réveil nous est refusé, c’est qu’une idole est encore adorée en cachette; c’est que nous mettons notre confiance dans les plans humains. Nous nous refusons à  croire cette vérité immuable : « Ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais c’est par MON ESPRIT, dit l’ETERNEL DES ARMEES » (Zacharie 4/6).’ – Jonathan Goforth

Un missionnaire me dit un jour, comme en guise d’excuse : « J’ai toujours désiré un Réveil, mais ma station est si loin de tout, que je n’ai jamais pu y faire venir un évangéliste ». Comme si l’Esprit de Dieu n’agissait que par quelques privilégiés! Nous sommes convaincus, nous l’affirmons avec pleine conviction, que le Réveil peut avoir quand et où nous voulons. Ce prince des évangélistes, Finney, croyait que tout groupe de chrétiens qui fait de cœur et sans réserve la volonté de Dieu, pouvait avoir un Réveil. Moody affirmait constamment que la Pentecôte n’était que le spécimen de ce que voulait faire l’Esprit.

J’espère que de la lecture de ces pages, le lecteur ne conclura pas que l’Orient est mieux prédisposé au Réveil que les autres parties du monde; ce serait un grave malentendu. Nous avons vu, dans nos propres pays, des auditoires remués, exactement comme ceux de la Chine. Il est vrai que cela prend généralement plus de temps. Mais qu’il y faille un jour ou une quinzaine, le principe est le même : n’importe quel groupe de chrétiens qui le désire peut recevoir la pleine bénédiction de la Pentecôte.

En lisant la Parole de Dieu, il nous semble inconcevable que le Saint-Esprit veuille retarder son oeuvre d’un jour. Nous pouvons être sûrs que, quand il ne peut pas déployer sa puissance, c’est toujours parce que l’homme n’a ni la foi, ni l’obéissance voulues. Si Dieu le Saint-Esprit ne glorifie pas Jésus dans le monde aujourd’hui, comme à  la Pentecôte, c’est nous qui sommes à  blâmer. Après tout, qu’est-ce que le Réveil, sinon l’Esprit de Dieu possédant absolument notre vie? Le Réveil est donc toujours possible quand l’homme se donne entièrement à  Dieu. La résistance au Saint-Esprit est le seul péché qui puisse empêcher le Réveil.

Mais sommes-nous prêts à  recevoir le Saint-Esprit? Apprécions-nous à  leur valeur et le don et le donateur? Voulez-vous payer le prix d’un Réveil par le Saint-Esprit? Prenez la prière, par exemple. L’histoire des Réveils montre que tous ont été déclenchés par la prière. Cependant n’est-ce pas justement là  que beaucoup d’entre nous tremblent et hésitent devant le prix à  payer? La Bible ne nous dit pas grand chose de ce qui s’est passé dans la Chambre haute entre l’Ascension et la Pentecôte; mais nous sommes certains que les disciples étaient avares des minutes qu’ils ne passaient pas à  genoux.

Que d’interdits, de scories, de déchets à  faire disparaître!

Le miracle de la Pentecôte fut la meilleure preuve de l’œuvre de purification qui s’était faite dans la Chambre haute. Nous savons que toutes les effusions du Saint-Esprit ont toujours été étroitement liées à  la prière. « Quand ils eurent prié », nous dit Luc, « le lieu où ils étaient assemblés trembla; ils furent tous remplis du Saint-Esprit » (Actes 4/31).

Les grands mouvements de la Réforme ont été en grande partie les résultats de la prière. On dit de Luther qu’il obtenait de Dieu, en priant, tout ce qu’il voulait. Marie Stuart craignait plus les prières de John Knox que toutes les armées de la reine Elizabeth. L’œuvre magnifique du Saint-Esprit, qui transforma chez les Moraves, en 1727, toutes les discordes en un grand amour, fit d’eux la plus grande force missionnaire du monde. Cette œuvre eut sa source dans la prière. « Y a-t-il jamais eu dans l’histoire de l’Eglise, écrit l’évêque Hasse, une réunion de prière qui ait duré cent ans? Les Moraves la commencèrent à  Herrnhute en 1727; ils l’appelèrent l’intercession d’une heure. Se relayant jour et nuit, un frère ou une sœur était toujours en prière. L’objet principal de ces requêtes était l’œuvre de Dieu par l’Eglise. La prière mène l’action. Dans ce cas-là , elle créa un désir ardent, chez les Moraves, de porter le salut de Christ aux païens. Ce fut le commencement des missions modernes. De l’Eglise d’un petit village, il sortit, en vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires. Nous ne trouverons nulle part et à  aucune époque, aucun mouvement qui égale celui-là  » (1) [John Greenfield :  Power from on High, pp. 25, 26.]

Mais, pourquoi le mouvement morave n’aurait-il pas aujourd’hui sa contrepartie? Pouvons-nous concevoir que l’Esprit de Dieu se lasse? Nous pouvons être sûrs que la bénédiction nous attend, si nous consentons seulement à  nous agenouiller et à  la recevoir.

Le trait le plus saillant du Réveil wesleyen, ce fut l’accent que ses chefs mirent sur la prière. Leur habitude était de prier chaque matin de 4 à  5 heures et de 5 à  6 heures le soir. De grands croyants, William Bramwell par exemple, passaient la moitié de la nuit en prière, puis parcouraient une région, brûlants comme une flamme de feu! Si seulement les millions de Méthodistes d’aujourd’hui donnaient à  la prière la valeur que lui donnaient leurs grands ancêtres, quels miracles ne se produiraient-ils pas!

Finney comptait plus, pour produire le Réveil, sur les prières de Nash et de Clary que sur sa propre irrésistible logique. Nous sommes si habitués à  l’état laodicéen de l’Eglise que l’influence toute-puissante de la prière, au temps de Finney, nous stupéfie. Pensez un peu : quarante pasteurs et missionnaires furent appelés par Dieu, et envoyés dans son champ, comme résultat des prières faites pendant un Réveil dans l’Ecole supérieure de Rochester! En 1857, Finney voyait cinquante mille âmes par semaine se décider à  se donner à  Dieu. Dans beaucoup de villes, on ne trouvait pas d’assez grande salle pour y tenir les réunions de prière. Ce fut alors que commença celle de Fulton Street, à  New-York, dans une salle annexe d’une église. En quelques semaines, l’église elle-même était devenue trop petite, et le surplus des auditeurs remplit d’autres églises voisines.

En 1858, Spurgeon réunit sa grande congrégation et lui dit : « L’Esprit de Dieu sauve en ce moment des multitudes d’âmes aux Etats-Unis. Comme Dieu ne fait acception de personnes, nous allons lui demander les mêmes bénédictions ici ». La réponse, ce fut le Réveil de 1859.

M. Moody, assure-t-on, n’acceptait pas d’invitation à  tenir une série de réunions, sans faire promettre qu’elle serait préparée par la prière. Au Sud du Pays de Galles, peu avant le grand Réveil de 1904, trois cents réunions de prière avaient été fondées. En fait, le Pays de Galles tout entier devint comme une immense réunion de prière. Le résultat fut qu’en deux mois, soixante-dix mille âmes s’étaient tournées vers Dieu.

A Calcutta, en 1902, deux missionnaires avaient entendu le docteur Torrey parler sur la prière. Elles en furent si frappées qu’en rentrant auprès de leurs paroissiens à  Khassa, leur grand sujet fut la prière. Le résultat ne se fit pas attendre : au printemps de 1905, les Khassiens priaient tous. Le Réveil était inévitable. En quelques mois, huit mille convertis furent ajoutés à  l’Eglise, dans cette partie de l’Inde.

Dans un de nos premiers chapitres, nous avons raconté comment le grand Réveil en Corée, en 1907, fut le fruit de la prière. Nous sommes convaincus aussi que l’origine de tous les Réveils dont nous avons été témoins en Chine fut: la prière.

Après une série de réunions spécialement émouvantes, un missionnaire me dit : « Si le Seigneur a tant accordé à  nos prières, quoi qu’elles aient été si peu nombreuses, que n’aurions-nous pas obtenu, si nous avions prié davantage ? »

« Quel est le secret du Réveil? «  demandait-on à  un grand évangéliste. « Il n’yen a pas, répondit-il, il vient toujours en réponse à  la prière ».

Nous affirmons aussi que nous ne pouvons pas compter sur un Réveil général, encerclant le globe entier par le Saint-Esprit, à  moins de revenir tout d’abord à  la Bible. Les doutes émis sur la Parole de Dieu déshonorent absolument son auteur. Quelle douleur doit être la sienne, quand il voit si peu estimé par les hommes le Livre qui seul rend témoignage à  son Fils!

Si la Bible n’est pas pour nous, en toute sincérité, la Parole même de Dieu, nos prières ne sont que moquerie et dérision. Il n’y a jamais eu de Réveil là  où n’existaient pas des hommes et des femmes croyant de tout leur cœur à  la Parole de leur Dieu et s’appuyant sur ses promesses.

L’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu, est la seule arme qui ait jamais été utilisée avec puissance dans le Réveil. La Parole de Dieu est toujours, pour celui qui croit en ce qu’elle dit sur elle-même, une épée, un feu, un marteau qui brise le roc.

Dès que Luther eut traduit la Bible en allemand, l’Allemagne fut perdue pour Rome. Moody n’avait pas beaucoup d’instruction, mais il connaissait sa Bible, et il est certain que le monde n’a jamais connu et ne connaîtra peut-être jamais son égal comme gagneur d’âmes.

Lorsque j’étais étudiant, à  Toronto, ma seule arme dans les prisons et les bas-fonds que je visitais, était la Bible. En Chine, j’ai souvent fait trente-cinq à  quarante allocutions par semaine, qui n’étaient, somme toute, que des paraphrases de la Parole de Dieu. Je puis affirmer que pendant mes quarante et un ans de ministère, je ne me suis jamais adressé à  un auditoire de Chinois sans avoir la Bible ouverte devant moi; cela me permettait d’affirmer : « Ainsi dit l’Eternel ». Croyant que la simple prédication de l’Evangile suffisait pour amener des âmes à  Christ, j’ai toujours agi en conséquence. Je n’ai jamais été déçu. Mon collègue chinois, un des hommes les plus consacrés que j’aie jamais connus, fut sauvé d’une vie de péché et de vices par la première allocution sur l’Evangile qu’il m’entendit prononcer.

Ce que je regrette le plus, en atteignant mes soixante-dix ans, c’est de ne pas avoir consacré plus de temps à  l’étude de la Bible. Cependant, en moins de dix-neuf ans, j’ai lu tout le Nouveau Testament chinois cinquante-cinq fois. Cet éminent professeur de la Bible, le docteur Campbell-Morgan, déclare qu’il n’a jamais osé professer sur un livre de la Bible, avant de l’avoir lu au moins cinquante fois.

Il y a quelques années, un Monsieur qui était .à  la Convention de Keswick y prit un tel amour pour la BIble, qu’il la lut ensuite douze fois en trois ans. Vous pensez peut-être que c’était un homme de loisir? Nullement, c’était un ouvrier qui partait chaque matin à  5 h 30 pour son usine.

La Bible n’était pas aussi négligée qu’aujourd’hui, quand les grands Réveils de 1857-59 éclatèrent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Elle n’était pas si abandonnée au temps de Moody. Les lettrés chinois, sous la dynastie mandchoue, devaient savoir par cœur leurs grands classiques. Comment les lettrés des pays soi-disant chrétiens traitent-ils le plus grand des classiques?

Il est tragique de voir combien peu les représentants du Seigneur Jésus en Chine connaissent Sa Parole. Il y a trente ans, l’idéal d’un missionnaire était de connaître assez sa Bible pour ne pas avoir besoin de transporter avec lui sa Concordance. L’indifférence pour la Parole de Dieu, que professent actuellement beaucoup de missionnaires, viendrait-elle de ce qu’ils ont découvert un meilleur moyen de répondre aux besoins spirituels d’un monde pécheur ?

Enfin, la grande raison du Réveil doit être le désir d’exalter dans nos cœurs Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Le Christ est pareil au Mont Everest, qui domine l’immense plaine. Si nous voulons qu’Il habite en nous, il faut qu’Il prenne toute la place. Toute idole doit être détruite; Isaac, le bien-aimé, doit être placé sur l’autel. Il faut refuser au moi jusqu’à  la moindre satisfaction. C’est alors seulement que nous pourrons voir s’ouvrir devant nous les plus vastes horizons.

On raconte que Mahmoud, le grand conquérant mahométan, détruisit au fur et à  mesure de ses victoires dans le nord de l’Inde, toutes les idoles qu’il rencontrait sur son chemin. Il arriva dans la ville de Guggeratt, qui contenait une idole vénérée tout spécialement par les habitants. Les notables vinrent trouver le vainqueur et le supplièrent d’épargner au moins ce dieu-là . Ils lui abandonnaient tous les autres, mais si Mahmoud détruisait celui-là , ils préféraient mourir!

Ils plaidèrent leur cause avec une telle intensité que, pendant un instant, le cœur du général fléchit. Il lui semblait par trop cruel de priver ces pauvres gens de ce qu’ils aimaient mieux que la vie; mais il se souvint qu’il avait fait serment de détruire toutes les idoles. La volonté d’Allah était absolue. Il se fit apporter un marteau, et d’un coup terrible fendit l’idole en deux. A sa stupéfaction, il en sortit tout un flot de bijoux et de pierres précieuses. Les habitants de la ville en avaient fait une cachette, et ils espéraient que le vainqueur, en leur laissant l’idole, leur permettrait, à  son insu, de sauver leurs richesses. Voyez la perte qu’aurait subie le vainqueur, s’il l’avait épargnée!

Y eut-il jamais une occasion pareille à  celle qui fut donnée aux conducteurs spirituels de nos Eglises, à  la conférence d’Edimbourg en 1910, d’abandonner leurs idoles ecclésiastiques et d’entrer en contact avec les richesses insondables du Christ? Il n’y a jamais eu dans les temps modernes, une réunion ecclésiastique qui ait suscité plus d’espoirs. Des leaders religieux étaient venus de toutes les parties du monde. Plusieurs espéraient qu’une ère nouvelle allait s’ouvrir pour les Missions. Le sujet du dernier jour était : « La Base de l’arrière (The Home Base ». Ce sujet faisait naître la vision de magnifiques possibilités. Les Eglises des pays chrétiens, fortifiées par le Saint-Esprit, allaient envoyer des hommes qualifiés comme Paul et Barnabas. Avec de telles énormes ressources en argent et en vocations, le monde allait être évangélisé au cours d’une génération.

Hélas! ce n’était qu’un rêve. Je n’ai jamais éprouvé une plus vive déception que ce jour-là ! De tous ceux qui parlèrent à  cette grande réunion, trois seulement mirent l’accent sur le Saint-Esprit comme étant le grand facteur de l’évangélisation du monde. A écouter les discours prononcés ce jour-là , on était obligé de conclure, que pour donner l’Evangile aux païens, il suffisait d’avoir une meilleure organisation, des moyens matériels plus perfectionnés, un plus grand nombre de vocations masculines et féminines. Il y avait pourtant des symptômes, dans cette assemblée, qui faisaient prévoir que quelques étincelles de plus auraient suffi pour produire une explosion. Mais non! Il en aurait trop coûté de mettre à  bas l’idole ecclésiastique!

Frères, l’Esprit de Dieu est toujours avec nous. La Pentecôte est à  notre portée. Si le Réveil nous est refusé, c’est qu’une idole est encore adorée en cachette; c’est que nous mettons notre confiance dans les plans humains. Nous nous refusons à  croire cette vérité immuable :  « Ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais c’est par MON ESPRIT, dit l’ETERNEL DES ARMEES » (Zacharie 4/6).

Référence:  Par Mon Esprit, Jonathan Goforth – Editions Viens et Vois

http://sentinellenehemie.free.fr/goforth1.html