MAV: On dirait que C. Spurgeon décrit l’Eglise d’aujourd’hui. De fait, s’il revenait, il devrait faire le constat que les signes graves d’apostasie qu’il avait alors déjà  constatés n’étaient que fétus de paille face à  l’écroulement dramatique de ce qui s’appelle aujourd’hui la Chrétienté, en tout cas en Occident. Seigneur,  tu es à  la porte et tu appelles beaucoup à  en sortir ! (Apoc 3:20)


Depuis la publication en 1859 de l’ouvrage de Darwin  L’origine des espèces, les attaques contre la foi chrétienne avaient produit une semence qui, en levant, avait donné lieu à  une vague libérale dans le Corps de Christ. Vers 1880, on écrivit à  Spurgeon, le célèbre évangéliste, pour lui parler de pasteurs baptistes de Grande Bretagne qui, par incrédulité, venaient d’abondonner la foi. C’est dans ce contexte que Charles Spurgeon écrivit en août 1887 dans son magazine  L’épée et la truelle  cet article intitulé « La dégringolade ». Cet article eut pour résultat une  scission dans le monde chrétien  et surtout baptiste de l’époque.

Quiconque aime l’Evangile ne pourra se dissimuler le fait que les jours sont mauvais. Pourtant, nous avons la conviction solennelle que la situation dans beaucoup d’églises dépasse de beaucoup ce qu’on peut imaginer et qu’on se trouve en pleine dégringolade. Lisez ces journaux qui représentent cette école de la « nouvelle théologie » et demandez-vous: Jusqu’où vont-ils aller? Quelle doctrine reste-t-il à  abandonner? Quelle autre vérité vont-ils encore traîner dans la boue?

Une nouvelle religion est née, qui diffère du christianisme autant que l’eau du vin. Dénuée de toute honnêteté morale, elle se présente comme la foi chrétienne historique « légèrement améliorée » et, sous ce déguisement, elle usurpe des chaires qui fûrent construites pour la prédication de l’Evangile. On repousse la rédemption avec mépris, on tourne l’inspiration de l’Ecriture en dérision, on abaisse le Saint-Esprit au simple rang d’influence, le châtiment du péché devient fiction et la résurrection un mythe antique. Et pourtant, ces ennemis de notre foi s’attendent à  ce que nous les appelions frères, que nous leur restions unis!

Avec la fausseté doctrinale vient un déclin naturel de la vie spirituelle qu’on voit dans un goût pour les amusements douteux et la désertification des réunions de prière. Les églises sont-elles en bonne santé lorsqu’elles n’ont plus qu’une réunion de prière squelettique par semaine? En fait, beaucoup voudraient marier l’église et le théâtre, les jeux et la prière, la danse et les cultes. Quand la foi ancienne disparaît et que l’enthousiasme pour l’Evangile s’éteint, il n’y a pas à  s’étonner que les gens cherchent d’autres délices.

Spurgeon poursuivit, par des mots de cette nature, sa description de l’apostasie prévalente et de la mort spirituelle qu’elle provoquait dans un grand nombres d’églises. Il exprima sa tristesse profonde devant cette situation, puis aborda la question du chrétien qui reste en association avec ceux qui nient la Parole de Dieu. Sa déclaration revêt autant d’importance pour aujourd’hui qu’à  son époque:

La question se pose maintenant sérieusement de savoir jusqu’où ceux qui demeurent dans la foi donnée aux saints une fois pour toutes doivent fraterniser avec ceux qui s’en détournent pour un autre évangile. L’amour chrétien a ses exigences et on doit éviter les divisions comme un mal grave, mais dans quelle mesure avons-nous le droit de nous unir avec ceux qui se détournent de la vérité ? Il est difficile de répondre à  cette question tout en gardant l’équilibre entre nos différents devoirs. Il incombe aujourd’hui aux croyants de faire preuve de prudence afin de ne pas donner leur soutien et leur encouragement à  ceux qui trahissent le Seigneur.

Il est une chose que de surmonter les barrières des dénominations pour l’amour de la vérité. Nous espérons que tout homme pieux fera cela de plus en plus. Mais il s’agit de tout autre chose que de sacrifier et d’assujettir la défense de la vérité à  la prospérité et à  l’unité d’une dénomination. Beaucoup de gens accommodants ferment les yeux sur l’erreur, du moment qu’elle vienne d’un homme intelligent ou d’un frère doué d’une bonne nature, dont on a tant de bien à  dire.

Que chaque croyant juge pour lui-même. Pour notre part, nous avons renforcé notre porte et mis des verrous supplémentaires. Car, sous couleur de mendier l’amitié du serviteur, il y en a qui visent à  dérober le MAITRE.

Réfléchissant à  la question de savoir s’il aidait ceux qui reniaient le Seigneur en restant associé à  eux, Spurgeon conclut son  3e article  par ces mots :

Une chose nous semble claire: on ne peut s’attendre à  ce que nous fassions partie de la même Union que ceux dont l’enseignement sur les points fondamentaux s’oppose diamétralement à  ce qui nous est cher. Avec un profond regret, nous ne pouvons nous assembler avec ceux que nous aimons tendrement et respectons de tout notre coeur, puisque cela nous impliquerait dans une confédération où se trouvent ceux avec qui nous ne pouvons avoir aucune communion dans le Seigneur.

Extrait de  « Charles Spurgeon, une biographie »  Arnold Dallimore, Europresse 1988

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