Note MAV. On reste ahuri de ces messages de Finney.  Plus de 135 ans plus tard, et toujours de la même actualité pressante, si ce n’est un vocabulaire un peu désuet. Sauf que le péché, depuis, s’est accru considérablement dans l’Église. Il s’est même multiplié. C. Finney serait horrifié s’il voyait l’état de l’Eglise d’aujourd’hui !

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 » Voici, vous tous qui allumez un feu, Et qui vous armez de flambeaux, Marchez à la lumière de votre feu et des flambeaux que vous avez allumés. « C’est par ma main que ces choses vous arriveront; « Vous vous coucherez dans la douleur. » ESAIE L  : 11.

Le contexte montre clairement que le prophète adressait ses paroles à  des gens qui faisaient profession d’être religieux et qui se flattaient d’être dans la voie du salut; gens dont l’espérance était  » un feu allumé par eux-mêmes. « 

Avant d’examiner avec vous la vraie et la fausse conversion, laissez-moi vous dire que tout ce que nous en dirons ne vous sera d’aucune utilité à moins que vous ne soyez déterminés à vous en faire à vous-mêmes l’application avec une droiture entière. Il faut que vous procédiez ici avec autant de sincérité que vous le feriez si vous saviez devoir comparaître aujourd’hui même devant le tribunal de Dieu, pour y entendre la sentence qui fixera votre sort éternel. Si vous voulez agir ainsi, je vous conduirai, je l’espère, à reconnaître votre véritable état d’âme ; si telle n’est pas votre volonté, j’aurai prêché en vain et vous aurez écouté en vain.

 

Je désire donc vous montrer la différence qu’il y a entre la vraie et la fausse conversion, et pour cela :

 

  1. Je montrerai que l’état naturel de l’homme est le pur égoïsme ; Que ce qui caractérise celui qui est converti c’est la bienveillance ;
  2. Que la nouvelle naissance consiste à passer de l’égoïsme à la bienveillance ;

III. J’indiquerai plusieurs choses dans lesquelles saints et pécheurs, vrais et faux convertis, peuvent se ressembler ; et d’autres dans lesquelles ils diffèrent.

  1. Je répondrai à quelques objections et je conclurai par quelques remarques.

 

I.

 

Je dois montrer que l’état naturel de l’homme, c’est-à-dire celui dans lequel il se trouve avant la conversion, est l’égoïsme.

 

Par où j’entends qu’il n’a pas la bonté telle que la comprend l’Évangile.

L’égoïste prend son propre bonheur comme but suprême et cherche son propre bien par la seule raison qu’il est le sien propre. Il place son propre bonheur au-dessus d’intérêts d’une plus grande importance, au-dessus de la gloire de Dieu et du bien de l’Univers. Avant la conversion, il en est ainsi de tout homme ; c’est ce qu’un grand nombre de faits démontrent avec évidence.

Du reste, que l’homme soit égoïste, chacun le sait et règle sa conduite en conséquence. Celui qui ne tiendrait pas compte de ce fait notoire et agirait comme si tout le monde était désintéressé, passerait pour avoir l’esprit dérangé.

 

II.

 

La bienveillance caractérise celui qui est converti.

 

Celui qui est converti est bienfaisant et bon et non pas égoïste. La bienveillance consiste à aimer et à vouloir le bonheur des autres. Bienveillance est un mot composé qui signifie bonne volonté, volonté qui veut le bien des autres. (1), qui le choisit comme son but suprême. Tel est le caractère de Dieu. Il nous est dit que Dieu est amour ; cela signifie qu’il est bienveillant La, bienveillance est tout son caractère ; tous ses attributs moraux ne sont que des manifestations de sa bienveillance. Celui qui est converti est à cet égard semblable à Dieu. Je ne veux pas dire que personne ne soit converti à moins d’être d’une bienveillance parfaite, comme Dieu ; je dis que la bienveillance est le caractère dominant du chrétien et le principal motif de ses actions. L’homme converti recherche sincèrement le bien des autres, par amour pour ce bien lui-même, par amour pour les autres et non dans des vues intéressées. Je suis loin de prétendre que l’homme désintéressé ne jouisse pas du bonheur qu’il procure à d’autres ; je dis qu’il recherche le bonheur d’autrui en vue de ce bonheur même, et non en vue de l’avantage et du plaisir qu’il en pourra personnellement retirer. Dieu est bienveillance pure, désintéressée. S’il rend ses créatures heureuses, c’est parce que leur bonheur lui est cher en lui-même, ce n’est pas en vue d’augmenter le sien propre. Assurément le bonheur de ses créatures est pour lui un sujet de satisfaction, mais ce n’est pas sa propre satisfaction qu’il cherche. Tels sont aussi les sentiments de l’homme vraiment désintéressé.

(1) Les autres, c’est-à-dire, dans la pensée de Finney, les autres hommes et Dieu lui-même. Le choix dont il est question ensuite consiste à mettre le bonheur de tous (Créateur et créatures) au-dessus du bonheur d’un seul. (Trad.)

Faire le bien, sans aimer à le faire et sans en jouir, ne serait pas une vertu.

La bienveillance est la sainteté. Elle est ce que la loi de Dieu demande :  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout, ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et ton prochain comme toi-même.  » S’il est certain que le converti obéit à la loi de Dieu, il est certain par cela même qu’il est semblable à Dieu, qu’il est bienveillant. Le trait fondamental de son caractère, c’est qu’a recherche, comme son but suprême, non son propre bonheur, mais le bonheur des autres.

 

III.

 

Se convertir véritablement, c’est passer de l’égoïsme à la bienveillance.

 

La conversion véritable est un changement de but et non pas seulement un changement de moyens. Il n’est pas vrai que celui qui est converti et celui qui ne l’est pas ne diffèrent que par les moyens qu’ils emploient, leur but étant le même. Il n’est pas vrai que l’ange Gabriel et Satan poursuivent le même but, chacun d’eux ayant en vue son propre bonheur, et qu’ils ne diffèrent que par le fait qu’ils ne suivent pas la même voie pour atteindre ce même but. Gabriel n’obéit pas à Dieu en vue d’augmenter son propre bonheur.

Un homme peut changer de moyens et cependant avoir toujours le même but, son propre bonheur. Il peut faire le bien en vue des avantages temporels qu’il en retirera. Il peut ne pas croire à la religion, ni à l’éternité et cependant se rendre compte que faire le bien tournera à son avantage en ce monde. Supposons qu’alors ses yeux s’ouvrent, qu’il voie la réalité de l’éternité, il pourra arriver qu’il adopte la religion comme un moyen d’être heureux dans l’éternité. Mais il est visible que ce changement n’aura aucune valeur morale. C’est le but qui détermine le caractère moral de la conduite. Or, c’est quant au but que le vrai et le faux converti diffèrent. Le vrai converti choisit comme but de toute sa vie la gloire de Dieu et le bien de son royaume. Il choisit ce but pour l’amour de ce but lui-même, parce qu’il lui apparaît commue le plus grand bien, comme un bien plus grand par conséquent que son propre bonheur. Non qu’il soit indifférent à son propre bonheur, mais il lui préfère la gloire de Dieu parce qu’elle est un bien plus grand. Il fait la part du bonheur de chaque individu pour autant qu’il peut l’apprécier ; mais il ne peut choisir comme but suprême que le plus grand de tous les biens.

 

IV.

 

J’indiquerai maintenant plusieurs points sur lesquels le vrai et le faux chrétien peuvent se ressembler et plusieurs points sur lesquels ils diffèrent.

 

  1. Ils peuvent se ressembler en menant l’un et l’autre une vie strictement morale.

La différence est dans leurs motifs. Le vrai chrétien mène une vie strictement morale par amour pour la sainteté ; le faux chrétien, par amour pour lui-même. Celui-ci prend la moralité comme un moyen pour parvenir à son but, je veux dire à son bonheur personnel ; le vrai chrétien l’aime et recherche pour elle-même.

  1. Ils peuvent vaquer également à la prière, du moins extérieurement.

La différence est toujours dans les motifs. Le vrai saint aime à prier ; l’autre prie parce qu’il espère en retirer quelque avantage. Le vrai saint s’attend bien à retirer de l’avantage, mais ce n’est pas là son motif dominant. L’autre. ne prie que par ce motif-là.

 

  1. Ils peuvent être également zélés dans leur religion.

L’un peut avoir un grand zèle parce qu’il a de grandes lumières et qu’il désire et aime sincèrement l’avancement du règne de Dieu, pour l’amour de Dieu lui-même. L’autre peut avoir un zèle égal, mais en vue d’assurer son propre salut ; d’échapper à l’enfer, ou de rassurer sa conscience. Ce n’est pas la religion elle-même qu’il aime.

  1. Ils peuvent paraître également consciencieux dans l’accomplissement du devoir.

Le vrai converti l’accomplit parce qu’il l’aime ; l’autre, parce qu’il n’ose le négliger.

  1. L’un et l’autre peuvent être également attentifs à faire ce qui est juste.

Le vrai converti parce qu’il aime la justice ; l’autre, parce qu’il sait qu’il ne peut être sauvé sans faire ce qui est juste. Celui-ci est honnête dans les affaires, parce que c’est le seul moyen de sauvegarder ses intérêts. En vérité, il a sa récompense. Il acquiert auprès des hommes la réputation d’être honnête, mais s’il n’a pas un motif plus élevé que celui-là, il n’aura pas de récompense de la part de Dieu.

 

  1. Ils peuvent s’accorder dans leurs désirs à beaucoup d’égards.

L’un comme l’autre peut désirer de servir Dieu ; l’un, parce qu’il aime le service de Dieu ; l’autre, parce qu’il désire la récompense.

L’un comme l’autre peut désirer d’être utile ; le vrai converti désirant l’utilité pour elle-même, parce qu’elle est à la gloire de Dieu ; l’autre la désirant comme un moyen d’obtenir la faveur de Dieu. Et plus le faux chrétien aura l’œil ouvert sur l’importance qu’il y a pour lui à obtenir la faveur de Dieu, plus il désirera d’être utile.

Ils peuvent s’accorder à désirer la conversion des âmes ; le vrai chrétien la désirera parce qu’elle glorifie Dieu ; le faux chrétien cherchera à l’obtenir afin de gagner la faveur de Dieu. C’est un motif de même ordre qui le portera à donner de l’argent pour de bonnes œuvres. Qui ne sait qu’un homme peut fort bien donner de l’argent à la Société biblique ou à la Société des missions, en vue de son bonheur personnel, de sa réputation, ou de la faveur divine qu’il veut s’assurer ? On peut de même désirer la conversion des âmes et y travailler par des motifs purement égoïstes.

Ils peuvent tous deux chercher à glorifier Dieu. Le vrai chrétien, parce qu’il aime voir Dieu glorifié ; le faux chrétien parce qu’il sait que c’est le moyen d’être sauvé. Le vrai converti a la gloire de Dieu à cœur, c’est là son but suprême ;

L’autre désire glorifier Dieu comme un moyen de parvenir à son but à lui, à savoir son propre avantage.

L’un et l’autre se repentent. Le vrai saint abhorre le péché à cause de sa nature abominable, il le hait parce qu’il déshonore Dieu, aussi désire-t-il se repentir de tout péché. L’autre désire se repentir parce qu’il sait que sans cela il sera condamné. (1)

(1) Ne blâmons point l’insistance de Finney. Il est absolument nécessaire de savoir distinguer la vraie de la fausse repentance, la vraie de la fausse conversion. N’est-il pas dit 1 ° que Judas se repentit, 2 ° qu’il reporta les trente pièces d’argent, 3 ° qu’il confessa son péché devant les principaux sacrificateurs et les anciens en disant : J’ai péché, en livrant le sang innocent ? Extérieurement, il ne manque rien à cette repentance ; mais Dieu regarde aux motifs, au cœur. Apprenons à discerner nos motifs. (Trad.)

 

L’un et l’autre croient en Jésus-Christ. Le vrai saint croit parce que la foi est à la gloire de Dieu et parce qu’il aime la vérité pour elle-même. L’autre désire croire afin d’avoir une plus ferme espérance d’aller au ciel.

L’un s’accorde avec l’autre pour obéir à Dieu. Mais le vrai saint obéit afin de croître en sainteté ; le faux chrétien obéit (extérieurement) parce qu’il désire obtenir une récompense.

 

  1. Ils peuvent se ressembler non seulement dans leurs désirs mais encore dans leurs résolutions.

L’un comme l’autre peut prendre la résolution  » d’abandonner le péché, d’obéir à Dieu et de se consacrer à l’avancement de son règne ;  » et l’un comme l’autre peut s’y déterminer avec beaucoup de décision ; mais par des motifs différents.

 

  1. Ils peuvent avoir les mêmes desseins.

L’un comme l’autre peut avoir l’intention de glorifier Dieu, d’avancer son règne, de sauver des âmes. Mais le vrai saint fera tout cela par amour pour la sainteté et pour Dieu ; l’autre le fera pour assurer son propre bonheur. Le premier en fait son but suprême ; le second n’en fait qu’un moyen pour arriver à ses fins égoïstes.

L’un comme l’autre peut se proposer de devenir saint ; le vrai converti parce qu’il aime la sainteté ; l’autre, parce qu’il sait qu’il ne peut être heureux sans cela.

  1. Ils peuvent s’accorder non seulement dans leurs désirs, dans leurs résolutions et dans leurs desseins, mais aussi dans leurs affections pour beaucoup d’objets.
  2. a) L’un comme l’autre peut aimer la Bible. Le vrai saint l’aime parce qu’elle est la vérité de Dieu ; et il en fait ses délices ; le festin de son âme ; l’autre l’aime parce qu’il pense qu’elle est en sa faveur et qu’elle est la charte de ses espérances personnelles.

 

  1. b) Ils peuvent tous cieux aimer la doctrine de la grâce ; le vrai saint, parce qu’elle est si glorieuse pour Dieu ; l’autre, parce qu’il la regarde comme une garantie de son propre salut.
  1. c) Ils peuvent tous deux aimer les préceptes de la loi de Dieu ; le vrai saint, parce qu’ils sont si excellents, si saints, si justes, si bons ; l’autre, parce qu’il pense qu’il sera heureux en les aimant.
  1. d) L’un comme l’autre peut aimer Dieu ; l’un, surtout, parce qu’il voit que le caractère de Dieu est souverainement excellent, souverainement aimable considéré en lui-même ; l’autre, surtout parce qu’il pense que Dieu est son ami particulier, et que pour lui l’idée de Dieu est liée à celle de son intérêt personnel.
  1. e) L’un comme l’autre peut aimer Christ. Le vrai converti aime son caractère ; le faux chrétien pense qu’il le sauvera de l’enfer et qu’il lui donnera la vie éternelle ; et pourquoi ne l’aimerait-il pas ?
  1. f) L’un comme l’autre peut aimer les chrétiens ; le vrai converti, parce qu’il voit en eux l’image de Christ ; le faux chrétien, parce qu’ils appartiennent à la même dénomination que lui, ou qu’ils sont de son parti, ou qu’ils ont les mêmes intérêts et les mêmes espérances que lui.

 

  1. g) L’un et l’autre peuvent aimer les réunions religieuses ; le vrai saint les aime parce que les actes du culte, la prière, les louanges de Dieu, l’audition de sa Parole, la communion de Dieu et des saints font ses délices ; l’autre les aime parce qu’il les juge propres à affermir ses espérances de vie éternelle. Ce dernier peut avoir cent raisons de les aimer sans cependant aimer le culte et le service de Dieu en eux-mêmes.
  1. h) L’un et l’autre peuvent aimer la société des chrétiens ; le vrai converti l’aime parce qu’il jouit de la communion des saints, l’autre l’aime parce qu’il espère en retirer quelque avantage. Le premier en jouit parce qu’il aime Dieu et ses frères et que  » de l’abondance du cœur la bouche parle ;  » le second en jouit parce qu’il aime à parler des grands avantages qu’il trouve dans la religion, de l’espérance qu’il a d’aller au ciel, etc.
  2. i) L’un comme l’autre peut trouver du plaisir dans la pratique du culte privé. Le vrai chrétien aime la solitude avec. Dieu parce qu’elle le rapproche de Dieu. Quand aucun obstacle ne l’empêche plus d’aller droit à Dieu et de converser avec lui, il fait ses délices de la communion de Dieu. Le chrétien de nom peut trouver aussi de la satisfaction à rendre un culte à Dieu dans le secret, parce qu’il sait que c’est un devoir ; il y trouve la satisfaction de sa propre justice. Il peut y avoir plus encore ; le faux chrétien peut trouver dans ce culte solitaire une certaine jouissance, une certaine excitation d’esprit qu’il prend pour de la communion avec Dieu.

 

  1. Ils peuvent s’accorder aussi à haïr les mêmes choses.

L’un comme l’autre peut haïr l’incrédulité et s’y opposer fortement ; le vrai chrétien parce qu’elle est opposée à Dieu et à la sainteté ; le chrétien imaginaire, parce qu’elle porte atteinte à ses plus chers intérêts et que, si elle avait raison, elle détruirait toutes ses espérances pour l’éternité. L’un hait l’erreur parce qu’elle est détestable en elle-même et contraire à Dieu ; l’autre, parce qu’elle est contraire à ses vues et à ses opinions personnelles.

Je me rappelle avoir lu dans les journaux, il n’y a pas longtemps, une vive polémique contre un ministre qui avait publié certaines opinions.  » Ces idées-là, disait l’auteur de l’article, détruiraient toutes MES ESPÉRANCES pour l’éternité.  » Une belle raison vraiment! Raison assez bonne cependant pour un égoïste.

L’un comme l’autre peut haïr le péché ; le vrai converti, parce qu’il est haïssable aux yeux de Dieu ; et le chrétien de nom, parce qu’il lui fait du tort à lui-même. On voit des gens haïr leurs propres péchés et cependant ne pas les abandonner.

Souvent, l’ivrogne se rappelant ce qu’il était autrefois et comparant sa dégradation présente à ce qu’il aurait pu être, se prend à haïr sa passion, mais il ne la hait pas parce qu’elle est contraire à la loi de Dieu, il la hait seulement parce qu’elle a été la cause de sa ruine. Aussi continue-t-il à aimer la boisson et à boire, bien qu’il frémisse d’indignation quand il songe aux effets de sa conduite.

L’un comme l’autre peut être opposé aux pécheurs. Mais l’opposition du vrai saint est une opposition bienveillante, ayant trait au caractère et aux actes du pécheur, qu’il abhorre parce qu’ils sont de nature à détruire le royaume de Dieu ; tandis que l’opposition du chrétien de nom provient de ce que les pécheurs sont opposés à SA religion et qu’ils ne sont pas de son parti.

  1. L’un et l’autre peuvent se lamenter sur le triste état de l’église.

Le vrai converti, parce que cet état de l’église déshonore. Dieu ; le chrétien de nom, parce qu’il en résulte que sa propre âme n’est pas heureuse, ou que la religion est vue et qu’il en souffre du dommage.

 

  1. Ils peuvent se réjouir des mêmes choses.

L’un et l’autre peuvent se réjouir de la prospérité de l’Église et de la conversion des âmes ; le vrai converti, parce que son cœur est à ces choses et qu’il les aime pour elles-mêmes comme étant, le plus grand bien ; le faux chrétien parce qu’il considère ses intérêts comme liés à ceux de l’Église.

  1. Ils peuvent admettre tous deux les pénalités de la loi. Mais le vrai saint leur donne son plein assentiment en ce qui concerne sa personne, parce qu’il reconnaît qu’il serait juste en soi que Dieu l’envoyât en enfer. Le chrétien de nom les admet parce qu’il croit être personnellement l’abri. Il a du respect pour les jugements de Dieu parce qu’il sait qu’ils sont justes ; et sa conscience les approuve ; mais il ne leur a jamais donné son assentiment quant à ce qui concerne son propre cas.

 

  1. Ils peuvent donner avec une égale libéralité aux sociétés de bienfaisance. Aucun de vous ne doute que deux hommes ne puissent donner des sommes égales, mais par des motifs entièrement différents. L’un donne dans le but le faire du bien ; et agirait exactement de même alors que personne d’autre que lui ne voudrait donner. L’autre donne à cause de la réputation qui lui en revient, ou pour calmer sa conscience, ou pour acheter la faveur de Dieu.
  1. Ils peuvent également renoncer eux-mêmes en bien des choses. Le renoncement se remarque ailleurs que chez les vrais chrétiens. Voyez le renoncement du Mahométan faisant son pèlerinage à La Mecque ; voyez celui des païens qui se jettent sous les roues du char de Jaggernaut ; voyez encore celui du pauvre papiste qui, dans son ignorance, marche sur ses genoux jusqu’à ce que le sang en ruisselle. Une église protestante ne saurait attribuer à des actes pareils un caractère vraiment religieux. Mais n’y a-t-il aucun renoncement ? Le vrai saint renonce à lui-même afin de faire plus de bien aux autres. Il fait plus de cas de ce lien qu’il cherche à faire aux autres que de son propre intérêt ou de son propre bien-être. L’autre peut aller aussi loin que lui, « ” extérieurement, « ” mais par des motifs purement égoïstes.
  1. L’un comme l’autre peut être prêt à souffrir le martyre. Lisez les vies des martyrs et vous ne douterez pas que plusieurs n’aient donné leur vie par une fausse idée des récompenses promises au martyre. Quelques-uns couraient à la mort parce qu’ils étaient persuadés que c’était le moyen infaillible d’arriver à la vie éternelle.*

* Note MAV: notons que cela se passe ainsi dans l’Islam. La première motivation que l’on donne aux gens pour qu’ils deviennent des terroristes, des assassins et des tueurs, c’est que cela leur vaudra d’accéder au paradis d’Allah.

Dans tous ces cas, les motifs de l’un sont directement opposés aux motifs de l’autre. La différence est dans le but. Comme but suprême, l’un choisit son propre intérêt, l’autre choisit l’intérêt de Dieu. Prétendre que l’un et l’autre ont le même but, c’est prétendre qu’un pécheur impénitent est juste aussi bienveillant qu’un vrai chrétien ; ou que le chrétien n’est pas bienveillant comme Dieu ; qu’il n’a en vue que son propre bonheur et qu’il diffère du mondain par le seul fait qu’il recherche ce bonheur dans la religion et non dans le monde.