Note: ceci est l’annonce d’un livre écrit par l’auteur sur le sujet:  http://www.dreuz.info/2014/10/voici-revenu-le-temps-des-imposteurs/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+drzz%2FPxvu+%28Dreuz%29

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Je m’étais promis de ne plus écrire de livre sur la France.  

Je pensais avoir tout dit sur le sujet dans un livre paru il y a dix ans, appelé  Un goût de cendres… : France fin de parcours ?*. J’avais ajouté quelques précisions dans un autre livre, publié un peu plus tard, que j’avais appelé  Pourquoi la France ne fait plus rêver*.

Et puis, l’hiver dernier, la situation m’a semblé s’aggraver à  un degré tel que j’ai pensé devoir y revenir. Le résultat est un essai que j’ai achevé de rédiger au printemps et qui, en raison des aléas de l’édition, paraît en librairie aujourd’hui seulement (mes lecteurs en Israël ont eu quelques exemplaires en avant première). En le relisant cinq mois plus tard, je ne vois pas une ligne à  y changer.

J’y pose un diagnostic. J’y explique comment nous en sommes arrivés là . J’y souligne la profondeur du mal.

Je pense que la France est un pays malade, et je suis, sur ce point, plus pessimiste qu’Eric Zemmour, qui vient de publier  Le Suicide français*.

Je pense que la maladie qui ronge ce pays ne s’est pas enclenchée il y a quarante ans, mais il y a bien plus longtemps.

 

Je pense qu’elle était là , déjà , au temps de Louis XIV et de la monarchie absolue, qu’elle s’est accentuée avec la Révolution Française, dont je pense, comme Edmund Burke, qu’elle fut un cataclysme dont le pays ne s’est jamais relevé.

Je pense qu’elle a été portée par ceux qui ont eu le pouvoir au temps de la Terreur, qui fut le premier épisode totalitaire des temps modernes.

Je pense qu’elle a été incarnée par les intellectuels idéocrates, et que ceux-ci, ayant eu le pouvoir au temps de la Terreur et l’ayant perdu ensuite, n’ont cessé de tout faire pour le retrouver.

Je pense qu’ils ont le pouvoir aujourd’hui.

Je pense qu’ils ont mis en place patiemment, avec opiniâtreté, une hégémonie.

Je pense qu’ils règnent aujourd’hui. Ils tiennent l’université et les médias, la politique et la culture, la pensée, les leviers de commande d’une économie qui est, depuis longtemps, une économie mixte. Ils tiennent la justice, la diplomatie, l’urbanisme.

Ils ne cessent de prétendre incarner la connaissance, alors qu’ils ne cessent de la broyer et de lui substituer des dogmes délétères.

Ils ne cessent de parler de liberté alors qu’ils détruisent toutes les formes de liberté  : liberté d’entreprendre, liberté de choisir, liberté de penser, liberté d’aller et venir.

Les résultats sont visibles tout autour de nous, sous la forme d’une grande et multiforme destruction, du délitement économique et de la pauvreté qui monte, de la pénurie organisée, de la destruction de la famille, des identités et des repères qui permettent à  une société de fonctionner.

J’utilise pour nommer ces résultats un mot que j’emprunte à  Emile Durkheim  : anomie.

Une société en état d’anomie est une société fracturée, striée de révoltes sans finalités définies, de désespoirs et de pessimismes.

Nous sommes dans cette société là .

J’aimerais penser que nous pouvons nous relever. Je ne l’exclus pas totalement.

Je dis, dans la dernière partie du livre, ce que la tentative de se relever impliquerait.

Je dis qu’avant de songer à  se relever, regarder la maladie en face est essentiel.

Je dis que nous commençons à  peine à  regarder la maladie en face.

Je dis que nous sommes en un temps d’imposture et que surmonter l’imposture sera difficile, très difficile.

J’ai écrit pour ceux qui veulent surmonter l’imposture.

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