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Ces derniers jours, la presse israélienne et, pour partie, la presse américaine, ont rapporté ce qu’on peut savoir des conversations entre Donald Trump et Mahmoud Abbas à  Bethléem. Il semble que Donald Trump se soit mis en colère et ait accusé Mahmoud Abbas de lui avoir menti lorsque ce dernier était venu à  la Maison Blanche et avait dit ne pas inciter à  la haine et au meurtre de Juifs dans les écoles et dans les media « palestiniens ».

Certains en ont déduit que Donald Trump avait changé de discours et d’attitude et était passé d’un discours conciliant, prétendant que Mahmoud Abbas était un homme qui voulait la paix (discours tenu à  la Maison Blanche) à  un discours très différent, reconnaissant Mahmoud Abbas comme ce qu’il est, à  savoir un chef terroriste antisémite et un menteur roué.

Ce que n’ont très vraisemblablement pas compris ceux qui se livrent à  ce type de déductions est qui est Donald Trump, ce qu’est sa façon de procéder, et ce que sont les négociations complexes dans lesquelles il est présentement engagé. Lire le livre de Donald Trump, « The Art of the Deal » [+- l’art de faire une affaire], permet pourtant de comprendre. J’ai déjà  expliqué. Je dois y revenir.

Donald Trump veut obtenir la mise en place d’une alliance entre les pays sunnites du statu quo (Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, émirats du Golfe) et Israël aux fins d’endiguer l’Iran, qu’il perçoit, tout comme le gouvernement israélien et Binyamin Netanyahu, comme le danger principal dans la région et comme un maillon essentiel dans l’axe de régimes autoritaires Pékin-Téhéran-Moscou, qu’il entend briser ou, à  tout le moins, affaiblir. Il sait que les dirigeants des pays sunnites susdits ne pourront se rapprocher davantage d’Israël si aucun geste en direction de la résolution de la « question palestinienne » n’est accompli par Israël et par les Etats-Unis. Trump entend donc faire un geste. Le premier acte de ce geste a été l’accueil de Mahmoud Abbas à  la Maison Blanche : le président américain a laissé Mahmoud Abbas mentir et lui a effectivement dit qu’il ne doutait pas que le chef de l’Autorité Palestinienne désirait la paix. Il a, en fait, laissé Mahmoud Abbas se piéger par ses propres mensonges : Mahmoud Abbas avait affirmé, sur les rives du Potomac, qu’il n’y avait plus d’incitation à  la haine et au meurtre de Juifs dans les écoles et dans les media « palestiniens ». Donald Trump l’a pris au mot et a attendu. Il a pu dire aux dirigeants des pays sunnites réunis à  Riyad qu’il était « ouvert » à  Mahmoud Abbas. Il n’en pensait pas moins.

Abbas, vous m’avez menti à  Washington  !

Le deuxième acte a été la rencontre de Bethléem (et le choix de Bethléem par l’administration Trump n’a pas été un hasard : Donald Trump n’a pas voulu se rendre à  Ramallah et avoir à  passer devant la tombe du chef terroriste Yasser Arafat). Donald Trump a pu, en cette occasion, accuser Mahmoud Abbas de mensonge, de ne pas être un homme fiable, et de se conduire en ignoble traitre.

Il a pu, de surcroit, délivrer un message très clair et très proche de celui qu’il avait dispensé un peu plus tôt en Arabie Saoudite devant les dirigeants de cinquante pays musulmans : aucune paix n’est possible avec des gens qui mentent, n’ont pas de parole et incitent au meurtre.

Dès lors que l’attentat islamiste de Manchester venait d’avoir lieu, Donald Trump a pu ajouter que ceux qui assassinent des enfants sans défense sont des « perdants maléfiques ». Le pensionnaire de la Maison Blanche peut dire, dans ces conditions, aux dirigeants des pays sunnites que malgré son « ouverture » en direction de Mahmoud Abbas, celui-ci n’est pas un homme fréquentable, avec lequel un accord quel qu’il soit est envisageable. Il a placé Mahmoud Abbas dans son tort, et en incriminant explicitement les incitations aux meurtres et aux assassinats d’enfants, il a tracé expressément la ligne que les dirigeants « palestiniens » ne pouvaient plus franchir s’ils entendaient montrer qu’ils veulent effectivement la paix.

Le troisième acte consistera très vraisemblablement en la constatation explicite par Donald Trump qu’il n’est pas possible de confier un Etat à  des gens tels que Mahmoud Abbas ou à  ceux qui sont susceptibles de lui succéder. Que passer un accord avec ces gens est impossible, et que, malgré les efforts américains, il est au mieux loisible de laisser provisoirement la situation dans un statu quo assez proche de celui qui existe aujourd’hui, jusqu’au moment où il sera envisageable de couper les vivres à  l’Autorité Palestinienne si, comme c’est probable, elle continue à  se comporter comme elle se comporte.

Le gouvernement israélien effectuera, peut-être, quelques actes symboliques, mais très minimaux (on parle de transferts de territoires insignifiants de la zone C à  la zone B définie par les accords d’Oslo, et de quelques autorisations de construction). Donald Trump pourra affirmer aux dirigeants des pays arabes qu’il a fait ce qu’il a pu, qu’Israël a réalisé quelques gestes, mais qu’il est impossible pour les Etats-Unis et Israël de faire davantage.

Donald Trump pense que les dirigeants des pays sunnites accepteront ses explications, qu’ils auront ainsi sauvé la face et entreront dans l’alliance avec Israël. Il ne s’attend pas à  ce que l’alliance soit davantage qu’une alliance tactique. Il a autour de lui suffisamment de conseillers qui connaissent le monde musulman pour ne pas se faire d’illusions excessives. Il sait que la peur de l’Iran des mollahs, et la baisse de leurs ressources énergétiques vont guider les décisions des dirigeants des Etats sunnites. Il n’en demande pas plus.    Il sait ce que sont les dirigeants « palestiniens ». Il n’a jamais attendu d’eux autre chose que ce qu’ils déclarent et mettent en œuvre. Il sait comment le gouvernement israélien et Binyamin Netanyahu comptent gérer la situation et, je l’ai dit dans un précédent article, il entend régenter la situation à  sa guise, en jouant uniquement le rôle de la superpuissance bienveillante qui agit au mieux des intérêts d’Israël.

Il n’y aura pas d’Etat « palestinien » pendant les années Donald Trump, et Donald Trump le sait pertinemment. Il n’y en aura pas après les années Donald Trump non plus, et il le sait aussi, comme le savent tous ceux qui savent ce que sont les dirigeants « palestiniens » et ce qu’est la « cause palestinienne ».

Ceux qui se livrent à  des déductions hâtives n’ont toujours pas compris qui est Donald Trump : un entrepreneur qui passe des accords et signe des contrats à  l’échelle de la planète depuis quatre décennies. Ils n’ont toujours pas compris ce qu’est sa façon de procéder, et ne cessent de le sous-estimer. Ils n’ont toujours pas saisi ce que sont les négociations complexes dans lesquelles Donald Trump est actuellement engagé, et je n’en ai abordé ici qu’une partie.

Si je devais ajouter la situation en Syrie, la nécessité de détruire l’Etat Islamique, la question kurde, le régime d’Erdogan en Turquie, le jeu régional de la Russie, la complexité des négociations en cours apparaitrait dans toute son ampleur.

Et on comprendrait, outre l’attitude de Donald Trump vis-à -vis de Mahmoud Abbas, pourquoi il a différé le transfert de l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel Aviv à  Jérusalem  : différé n’est pas renoncer. Donald Trump est un homme qui tient ses promesses.

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