Les esprits s’excluent mutuellement: on est plein de l’esprit du monde ou de l’Esprit de Dieu

Ecoutez-moi bien. Plus jamais, vous ne pourrez vous satisfaire d’un peu de charismatisme dans votre existence.

Nous avons traité le Saint-Esprit comme s’il était une denrée bon marché; nous L’avons utilisé pour améliorer l’ambiance de nos réunions, de nos dénominations défuntes.

Frères et sœurs, la gloire du Saint Esprit a été donnée pour quelque chose de bien plus grand.

Je me demande bien si nous avons reçu cet Esprit en plénitude  :

II est, justement, l’Esprit du martyre, l’Esprit éternel par Lequel Jésus en Personne a offert au Père Sa vie immaculée.

Ce que nous avons reçu, c’est quelque chose d’autre, qui me fait souvent me demander s’il s’agit bien de l’Esprit de Dieu.

C’est quelque chose qu’on obtient trop facilement, à  trop bon compte, et les signes de sa présence ne montrent pas des vies transformées, des hommes qui dans l’Eglise primitive auraient eu le calibre qu’il fallait pour servir aux tables.

« Ils élurent Etienne, homme plein de foi et d’Esprit Saint ».

Au verset 8, on a  :

« Etienne, plein de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et des signes parmi le peuple. »

Quoique je sois chrétien depuis un quart de siècle, je voudrais prononcer ce mot  : « plein« , comme pour la première fois.

Remarquez combien de fois on emploie cet adjectif pour parler d’Etienne. C’est à  cela, me semble-t-il, qu’il nous faut arriver.

Ne pas être plein, n’avoir reçu l’Esprit de Dieu qu’en partie, c’est en quelque sorte être disqualifié.

Il faut la plénitude, ou rien ; tout, ou rien. Là  où il y a cette plénitude, il y a communication de la vie de Dieu, manifestation de Sa puissance, de Son authenticité.  Qu’est-ce que cela signifie  ?

Ce mot, « plein« , savourez-le comme on savoure un vin, et ne vous hâtez pas trop de l’avaler. Goûtez-en la saveur âpre, piquante, puis laissez-le glisser au-dedans de vous, créer en vous le désir de la vie.

« Plein d’Esprit Saint »  !

Comment se fait-il que nous ne soyons pas pleins  ?

C’est que les esprits s’excluent réciproquement  : il y a l’esprit du monde, et l’Esprit de Dieu.

Que de fois ai-je enjoint de jeunes chrétiens à  se faire couper les cheveux, de renoncer à  cette petite mèche sur la nuque  ! Ou encore de retirer cette sorte de bande qu’ils portent au poignet, et qu’on appelle « bracelet d’amitié », ou je ne sais quoi encore  ; ou de renoncer à  divers autres « ornements culturels » auxquels nous sommes tellement accoutumés qu’ils ne nous inspirent même plus un mouvement de recul.

Une sœur m’a même raconté qu’après avoir ôté une Etoile de David elle avait éprouvé une joie incroyable, une grande libération, un souffle du Saint Esprit.

Pour ma part, je me garde bien de me mettre n’importe quoi autour du cou ou sur le corps.

« Séparez-vous, dit le Seigneur. Ne touchez pas à  ce qui est impur, et moi, je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles. » (2 Corinthiens 6: 17- 18).

Si nous ne sommes pas pleins du Saint-Esprit, c’est qu’à  des degrés divers nous sommes ouverts à  l’esprit de ce monde, qui s’est emparé de la place qui devrait revenir exclusivement à  l’Esprit de Dieu.

Il nous faut nous examiner périodiquement pour savoir si nous sommes bien dans la foi.

Ces choses ont été écrites pour notre instruction. Que Dieu nous garde de penser qu’Etienne était quelque surhomme extraordinaire, fait d’une étoffe héroïque dans laquelle vous et moi ne sommes pas taillés. Etienne était un homme de chair et d’os tout comme nous, mais c’était un homme sanctifié, un homme mis à  part. Il était plein de sagesse et d’Esprit Saint.

Et s’il fallait un homme de cette trempe rien que pour servir aux tables au début de l’histoire de l’Eglise, que ne nous faut-il pas à  la fin de son histoire, quand les puissances des ténèbres entreront en collision avec les puissances de lumière dans un ultime accès de fureur apocalyptique, où il est dit que la prostituée de Babylone sera ivre du sang des martyrs  ?

Et ceux qui auront été décapités à  cause du Seigneur crieront

« Jusqu’à  quand, Seigneur, tarderas-Tu à  nous faire justice ? »

Telle est l’image que l’Ecriture nous donne de la fin, aussi bien dans l’Apocalypse que dans cet ouvrage apocalyptique de l’Ancien Testament, le Livre de Daniel.

A la fin, les saints seront vaincus.

L’absence de persécution est un scandale

Dieu donne aux pouvoirs des ténèbres le droit de vaincre les saints. Je ne l’invente pas  : c’est la Bible qui le dit.

Qu’est-ce que cela signifie, et pourquoi Dieu permettrait-il une chose pareille  ?

Nous ferions bien de nous poser la question, car les temps ne sont plus très loin où ces choses arriveront. Savez-vous ce que je dis à  l’Eglise dans le monde occidental, depuis des décennies  ? Honte à  nous  ! L’absence de persécution est un scandale.

Honte à  nous, car notre vie chrétienne est si timide, si mécanique, si anodine, que beaucoup d’entre nous pouvons être chrétiens pendant toute une vie, sans jamais rencontrer d’opposition, ni de scandale, ni d’opprobre, ni de persécution, ni de souffrance.

Or la nature même de la foi apostolique nous garantit une réaction de la part du monde.

Si cela n’a pas été le cas jusqu’à  ce jour, cela ne plaide pas en notre faveur: c’est bien plutôt une honte. Nous vivons au-dessous de la norme apostolique, sinon nous aurions suscité cette réaction depuis longtemps.

C’est donc un privilège d’avoir rencontré en Allemagne de l’Est des femmes qui lèvent constamment les yeux vers le ciel.

Il y a exactement un an, j’ai eu également le privilège de me trouver au Zimbabwe en Afrique, pour prendre la parole pendant un culte d’actions de grâce en souvenir de seize chrétiens qui avaient été mis à  mort, là , à  coups de hache.

Ces gens vous auraient tous surpassés, tant que vous êtes, par leur beauté, leur connaissance des langues, leur profession, tout leur savoir-faire et leurs qualifications.

Le monde n’était pas digne d’eux.

Il ne s’agissait pas d’anciens drogués dépenaillés, un peu déséquilibrés, qui se seraient tournés vers Jésus-Christ. C’étaient des gens qui auraient pu réussir, avoir de très belles situations; mais ils avaient choisi de renoncer à  tout cela pour aller vivre dans un coin reculé de l’ancienne Rhodésie du Sud  ; c’était une région troublée, sortant de huit années de guerre civile. Un gouvernement noir avait été formé. La plupart des blancs s’étaient enfuis par peur de ce qui allait arriver.

Les blancs qui étaient restés étaient des chrétiens pour la plupart. Ils restaient parce que le Saint-Esprit les y poussait; ils désiraient contribuer à  l’avenir de cette nation, et voulaient bien se soumettre au gouvernement noir, au risque de perdre leurs terres, ou de perdre la vie, car la tribu qui avait perdu le pouvoir se répandait dans la campagne, essayant de renverser le gouvernement en place et s’attaquant aux agriculteurs blancs.

Ces chrétiens se sont établis dans cette région afin de fonder une communauté de la réconciliation. Ils n’étaient pas armés, ayant décidé de faire confiance à  Dieu pour leur vie et leur sécurité. Au bout de sept années dans cette région, ils avaient remarquablement bien réussi. Ils faisaient de la pisciculture et ils élevaient des volailles, ce qui relevait considérablement le niveau de vie de la région, qui avait connu une longue période de dépression économique.

La réussite était à  son comble, quand les événements survinrent inopinément. C’est toujours ainsi que cela arrive, au moment où l’on s’y attend le moins. La réaction qui est la nôtre, quand nous sommes ainsi pris au dépourvu, montre tout simplement la mesure de notre foi. Celle-ci ne se mesure pas à  nos « Amen ! » ni à  nos « Alléluia ! »  : ce qui compte, c’est ce que nous sommes, au moment ultime, au moment suprême.

Tout est mis au jour à  ce moment-là . Et nous, comment réagirons-nous quand nous serons pris au dépourvu, quand tout à  coup notre vie même sera gravement menacée  ? Voilà  ce qu’ont vécu les gens dont je vous parle. Ils n’ont pas été dignement mis à  mort par un peloton d’exécution, mais tués à  coup de trique et de hache, un à  la fois. On les a emmenés, les poignets attachés avec du fil de fer barbelé en guise de menottes.

On les a emmenés dans un bâtiment, et là , toute la nuit, on n’a entendu que les coups de hache.

Pas un seul hurlement, pas le moindre cri ni le moindre gémissement.

Aucun n’a supplié les meurtriers de lui laisser la vie sauve.

Une chose est certaine  : c’est que les racistes fanatiques noirs qui les ont tués ont reçu un témoignage, le témoignage suprême.

Quand il paraîtra devant Dieu, pas un seul d’entre eux ne pourra soutenir qu’il n’a jamais vu la gloire de Dieu dans le visage de ses saints.