Note MAV: Notons le caractère incroyablement actuel de ce passage biblique et de l’étude qui en est faite. De quoi méditer …

Etude de la Prophétie d’Esaïe 31 (1)

Cessez de vous confier en l’être humain,  Dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle :  Car de quelle valeur est-il ?  (Ésaïe 2  : 22)

Remarques préliminaires

En introduction de l’étude de ce chapitre, rappelons brièvement quelques faits historiques qui permettront de situer le contexte de ce troisième chapitre de la prophétie d’Ésaïe.

Ésaïe prophétisa sur le Royaume de Juda sous les règnes corrompus d’Ozias, de Jotham, d’Achaz, ainsi que sur celui du roi réformateur Ezéchias, c’est-à -dire d’environ 750 à  698 avant Jésus-Christ.

 

Pendant cette deuxième partie du VIIIe siècle avant notre ère, la scène internationale est dominée par la puissance du Royaume d’Assyrie dont la capitale était Ninive. En 722, les Assyriens détruisirent le Royaume d’Israël situé au nord de Juda, se saisirent de sa capitale Samarie, et déportèrent à  l’autre bout de leur Empire, au-delà  de l’Euphrate, les dix tribus du Royaume du Nord.

L’autre grande puissance du moment, l’Égypte, se trouvait dans une période de faiblesse politique extrême et ne parvint ni à  s’opposer, ni à  freiner les desseins de domination universelle des empereurs assyriens.

Babylone, qui ultérieurement jouera un si grand rôle sur la scène internationale et qui fut l’instrument élu par Dieu pour exercer ses jugements sur Juda et sur Jérusalem, n’était, à  cette époque, qu’une distante province de l’Empire assyrien.

Dans le chapitre que nous étudions, Ésaïe s’adresse précisément à  Juda et à  Jérusalem.

C’est maintenant de la fidélité ou de l’infidélité de ce petit royaume, apparemment si insignifiant, que vont dépendre les desseins de Dieu pour la rédemption du Monde.

Nous nous contenterons de ces quelques brèves remarques, car ces questions de politique internationale n’interviennent pas dans la trame de ce troisième chapitre.

Celui-ci nous parle de la condition morale, spirituelle, sociale et politique de la nation judéenne dans une époque de décomposition nationale.

Bien des ressemblances avec ce que nous vivons aujourd’hui deviendront sans doute évidentes au cours de notre exposition du texte.

Enfin, bien que nous ne puissions pas dater cet écrit avec précision, vu l’absence d’indication historique, il semble que cette parole prophétique concernait les conditions qui prévalaient dans le royaume de Juda pendant les quelque dix années du règne d’Achaz (environ 736-727), période caractérisée par l’apostasie religieuse, l’anarchie morale et sociale et l’alliance politique défensive avec l’Assyrie.

Introduction

Le chapitre 3de la prophétie d’Ésaïe prolonge tout naturellement celui qui le précède, et le verset 22 de ce dernier constitue la charnière entre les deux.

Cessez de vous confier en l’être humain,
Dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle :
Car de quelle valeur est-il ?

Ésaïe 2  : 22

Les versets 5 à  22 du chapitre 2 décrivent tout à  la fois l’abandon par Juda de toute attitude de véritable dépendance à  l’égard de Dieu et les faux appuis terrestres sur lesquels il va maintenant mettre sa confiance.

L’homme lui-même et ses appuis matériels et spirituels, techniques et ésotériques, sont mis à  la place du Dieu d’Israël.

La nation va mettre sa confiance tout entière en eux.

Établissons une liste sommaire des faux appuis de Juda tels que nous les décrit Ésaïe  :

– pratiques de l’Orient et magie des Philistins (v. 6)  ;

– alliances avec l’étranger (v. 6)  ;

– l’or et l’argent (v. 7)  ;

– chevaux et chars de guerre (v. 7)  ;

– idoles, oeuvres des mains de l’homme, techniques (v. 8)  ;

– murailles fortifiées (v. 15)  ;

– commerce maritime international (v. 16).

Non que ces choses – à  l’exception de la magie et des idoles – soient en elles-mêmes intrinsèquement perverses et qu’il soit interdit à  l’homme de s’en servir de manière légitime, innocente et juste  ; car, comme causes secondes, comme dons de Dieu aux hommes, elles sont nécessaires au développement de leur vie en société.

Cependant, elles deviennent abominables aux yeux de Dieu  et des pièges mortels pour l’homme lorsqu’il en fait son appui essentiel,  car ainsi elles deviennent un substitut au Dieu vivant et par là  moyen de l’oublier.

Ce n’est donc pas la créature qui est mauvaise, c’est le fait de la mettre à  la place du Créateur

(Romains 1:21-23).

Répétons-le, ce que Dieu a en abomination, c’est que son peuple mette sa confiance, son appui, en des créatures (matérielles ou spirituelles) plutôt que dans le Dieu vivant et saint, Créateur des cieux et de la terre, celui par la Parole duquel, tout, à  chaque instant, subsiste.

Ceci explique le double refrain à  la fois majestueux et terrible qui interrompt à  deux reprises le mouvement de ce 2e chapitre.

Au verset 11, en annonçant le jour du jugement de l’Éternel, Ésaïe déclare  :

Les regards arrogants de l’être humain seront abaissés, Et l’orgueil des hommes sera courbé  : L’Éternel seul sera élevé ce jour-là . Ésaïe 2  : 11

Et le refrain revient au v. 17  :

L’arrogance de l’être humain sera courbée, Et abaissé l’orgueil des hommes  : L’Éternel seul sera élevé ce jour-là . Ésaïe 2  : 17

Et c’est dans cet esprit qu’Ésaïe exhorte les habitants de Juda et de Jérusalem par les paroles de notre verset charnière  :

Cessez de vous confier en l’être humain, Dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle  : Car de quelle valeur est-il ? Ésaïe 2  : 22

Ce n’est pas que devant Dieu l’homme – et avec lui toutes les créatures – n’ait aucune valeur. L’homme n’est-il pas créé à  l’image de Dieu, et toute la création ne manifeste-t-elle pas la gloire du Créateur  ?

Mais en usurpant la place de Dieu, en faisant de lui-même son propre appui, son bâton, nous dit le texte, l’homme cesse de fonder sa vie sur Celui qui est, et, s’appuyant sur son propre néant, devient sans valeur aucune.

Car c’est Dieu qui lui donne l’être, le souffle qui l’anime et toutes choses  ; et hors de cette communion avec Dieu, il n’est rien.

Toutes les causes secondes et la création tout entière, lorsqu’elles sont séparées de l’appui de Dieu, du soutien plein d’amour de Celui qui Est, la Cause Première de tout ce qui existe, ne sont rien. Elles retournent au néant d’où elles sont sorties.

Dieu ne condamne aucunement l’homme ou la créature en tant que tels dans leur existence même. Dieu ne méprise pas son oeuvre. Non  ! C’est le fait de se confier en l’homme qu’Il réprouve  ;

c’est le règne de l’HUMANISME  !

Le chapitre 3 nous montrera que le lieu où nous plaçons notre confiance n’est pas sans importance.

L’orientation de notre confiance aura immanquablement des répercussions, non seulement d’ordres personnel et spirituel, mais également politique et social.

Si le fait de mettre sa confiance en Dieu a pour fruit de produire une vie personnelle et par conséquent une société saines,

il est certain que de placer sa confiance en l’homme – le coeur de toute idolâtrie – déréglera la vie individuelle et produira une société corrompue.

Une telle auto-idolâtrie suscitera certes les jugements de Dieu sur les individus qui s’y adonnent  ; mais elle provoquera également la colère divine sur les sociétés et sur les nations qui se détournent du Dieu vivant qu’elles ont connu, en mettant leur confiance sur la créature plutôt que sur le Créateur.

Ce sont les effets précis d’une si funeste erreur que le prophète va décrire dans ce troisième chapitre.

Notre texte se divise en trois parties  :

A. Le jugement de Dieu est proclamé sur les sociétés et sur les nations qui placent leur confiance en l’homme (v. 1-7).

B. Dieu dresse un constat de l’état du Royaume de Juda et prononce le jugement divin sur ceux qui conduisent ainsi la nation à  sa destruction (v. 8-15).

C. Enfin Ésaïe décrit les effets corrupteurs d’une telle confiance en l’homme sur le comportement des femmes appartenant aux dirigeants de Jérusalem et de Juda (3  : 16 – 4  : 1).

Nous donnerons comme titre à  ce chapitre trois  :

L’HUMANISME – LA CONFIANCE EN L’HOMME  : RUINE DES NATIONS

A. Le jugement de Dieu sur les sociétés et les nations qui mettent leur confiance en l’homme

I. Dieu enlève tout appui

Les habitants de Juda avaient déclaré leur indépendance face à  Dieu et entrepris de construire leur politique sans lui, excluant le Dieu souverain de leurs affaires, se confiant en eux-mêmes et en leur habilité à  manier les causes secondes, causes créées  :

Alliances extérieures, fortification des villes, puissance financière, commerce international, force militaire, et même l’invocation et la manipulation des puissances occultes.

(une représentation d’Astarte)

Car, selon les conceptions d’un monde animiste, monde dans lequel, tel un corps étranger, Juda avait été placé par Dieu, les causes matérielles, pour être efficaces, devaient s’appuyer sur le concours des puissances du monde invisible.

Mais le monde invisible qu’ils invoquaient ainsi n’était pas celui de Dieu.

Dans les clauses de l’Alliance qu’Il avait établie avec Israël, Dieu avait certes promis Sa bénédiction à  son peuple s’il Lui restait fidèle, Il l’avait également averti des conséquences funestes qu’entraînerait certainement son apostasie. Car, ne plus mettre sa confiance en Dieu, la mettre en l’homme, en les oeuvres de ses mains et dans le concours du monde invisible en guerre contre Dieu, ne pouvait que conduire tout droit au jugement de Dieu.

Mais si tu n’obéis pas à  la voix de l’Éternel, ton Dieu, si tu n’observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses prescriptions que je te donne aujourd’hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui t’atteindront  : Tu seras maudit dans la ville et tu seras maudit dans la campagne. Ta corbeille et ta huche seront maudites. Le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, la reproduction de tes bovins et les portées de ton petit bétail seront maudits. Tu seras maudit à  ton arrivée et tu seras maudit à  ton départ. L’Éternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace, dans toutes tes entreprises, jusqu’à  ce que tu sois détruit, jusqu’à  ce que tu périsses promptement, à  cause de la méchanceté de tes agissements et parce que tu m’auras abandonné. Deutéronome 28  : 15-20

Si là  se trouve le fruit amer que produit le rejet de Dieu et la confiance illusoire placée en l’homme, l’avertissement d’un Jérémie, qui, un siècle plus tard, répond à  celui d’Ésaïe, paraît alors l’expression du simple bon sens  :

Ainsi parle l’Éternel  : Maudit soit l’homme qui se confie dans un être humain, Qui prend la chair pour son appui, Et qui écarte son coeur de l’Éternel ! Jérémie 17  : 5

Et quel contraste que de prendre Dieu pour son seul appui  :

Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel, Et dont l’Éternel est l’assurance !Jérémie 17  : 7

Maintenant, Dieu entre en jugement contre Jérusalem et contre Juda, et son jugement va prendre une forme bien précise, celle d’enlever tous les appuis (légitimes et illégitimes) par lesquels son peuple a remplacé cette confiance exclusive qu’il devait placer sur Dieu.

Oui, voici que le Seigneur, l’Éternel des armées, Écarte de Jérusalem et de Juda toute ressource et tout appui (Ésaïe 3  : 1a).

C’est Dieu lui-même, le Dieu de l’Alliance, le Seigneur – IAHVE – le Dieu souverain de toute la terre, le Dieu des armées – ADONAI SEBAOTH – qui intervient pour ôter à  Juda et à  Jérusalem tous ses appuis. Dieu va Lui-même détruire les fondements, tous les fondements de la société théocratique devenue infidèle. Il va montrer à  son peuple la vanité, la stupidité, l’insanité de s’appuyer sur des idoles et sur cette idole suprême, l’homme.

Les conséquences d’une telle infidélité ne sont cependant pas simplement d’ordres spirituel et individuel. Un pareil abandon de Dieu entraîne également des effets sociaux et politiques néfastes.

Car une telle dépendance trompeuse en l’homme conduit à  l’écroulement de la société.

Dieu détruit Lui-même l’ordre social et politique du peuple élu.

Les expressions hébraïques traduites en français par toutes ressources et tout appui sont les formes masculines « masen » et féminines « masenah » du même mot qui littéralement veut dire « bâton ». Cette formule exprime ainsi l’entière destruction de toute forme d’appui quelconque.

Cette destruction comporte deux aspects  : l’un matériel, l’autre structurel. En examinant de près ces deux aspects, nous verrons que Dieu frappe son peuple de manière très précise en lui enlevant les moyens mêmes en lesquels il avait abusivement placé sa confiance.

II. Dieu enlève les appuis matériels

Dieu écarte de Juda et de Jérusalem  : Toute ressource de pain et toute ressource d’eau. (1b)

Ce sont les moyens matériels les plus essentiels – l’eau et le pain – à  la survie de la nation qui sont d’abord enlevés. Juda ayant offensé le Créateur, il n’est que justice que les bienfaits de l’Alliance créationnelle lui soient d’abord ôtés. L’appui du pain et l’appui de l’eau s’évanouissent comme la fumée. C’est la sécheresse et la famine. Le fondement matériel de la vie du pays disparaît.

Certes, des causes naturelles, des causes secondes, produiront cette famine. Mais ces causes secondes réelles sont totalement sous le contrôle du Dieu souverain qui plie leur fonctionnement normal à  Son bon vouloir  : en bénédiction ou en malédiction, selon ce que requiert le comportement de son peuple.

III. Appuis structurels enlevés

C’est ensuite aux élites du pays à  disparaître. Les structures de commandement de la nation s’écroulent, les élites ne sont plus. Dieu écarte de Jérusalem et de Juda  :

Le héros et l’homme de guerre, Le juge et le prophète, Le devin et l’ancien, Le chef de cinquante et le notable, Le conseiller, l’artisan capable Et l’expert en occultisme. (v. 2-3)

Sur le plan historique, cette prophétie se rapporte sans doute à  la première déportation de Jérusalem  par Nébukadnetzar,  en 598 avant J.-C.

C’est alors que par un acte dramatique de guerre, acte manifestant la puissance transcendante de Dieu sur l’Histoire, les élites de Juda furent transportées à  Babylone  :

Nebukadnetzar déporta tout Jérusalem, tous les ministres et tous les hommes importants, au nombre de dix mille déportés avec tous les artisans et les serruriers  : il ne resta que le petit peuple du pays (…). Tous les guerriers au nombre de sept mille, les artisans et les serruriers au nombre de mille, tous les hommes vaillants et propres à  la guerre. 2 Rois 24  : 14-16

Ainsi en l’an 598 avant J.-C., au moyen de Nébukadnetzar, Dieu, par un acte souverain de jugement, enleva au Royaume de Juda toutes ses élites. Mais notre texte nous parle avant tout de la disparition des élites par une autre forme du jugement de Dieu, agissant non plus d’une façon transcendante mais immanente, et se manifestant à  travers la vie courante de la société.

Ce rejet de Dieu et la confiance abusive placée en l’homme aboutissent immanquablement par une sorte de jugement sociologique, horizontal et historique – où Dieu agit à  travers le processus de décomposition normal d’une société qui rejette les règles de sa santé et de sa vie – à  la disparition des élites du peuple.

Par ce moyen, Dieu aujourd’hui encore détruit la structure sociale des nations qui l’ont une fois connu et qui maintenant se dressent contre lui.

Voyons comment Ésaïe décrit le processus d’écroulement des structures de commandement du Royaume de Juda.

a) D’abord disparaissent le héros, le champion, le soldat d’élite et l’homme de guerre, le vaillant soldat.

Ce qui est ici mentionné en premier, c’est la capacité de défense d’un pays. En 598, cette capacité fut détruite par la défaite subie par Juda des mains des Babyloniens et par la déportation de tous ses cadres militaires et civils en Chaldée.

Mais comme nous pouvons aujourd’hui le constater partout en Occident – et tout particulièrement dans notre pays, la Suisse – il est possible de faire disparaître la structure de défense d’une nation par l’autodestruction de ses structures de commandement.

Les milieux pacifistes ont vainement cherché à  affaiblir la capacité de défense de notre pays par des initiatives populaires dirigées contre notre armée de milice. Aujourd’hui, c’est par des mesures internes émanant du Haut Commandement lui-même que, sous prétexte de réformer l’armée, l’on affaiblit la formation des soldats et l’on cherche à  établir une confusion dans l’exercice de l’autorité militaire.

Un pays qui a connu Dieu – comme cela est le cas pour la Suisse – et qui le rejette, verra disparaître, en conséquence de son apostasie, les moyens militaires propres à  assurer sa défense.*

  • *Note M.A.V. Toute l’Europe a connu cela, se désarmant lors de la « paix de Munich », et se trouvant ainsi quasiment sans défense lors de l’invasion d’Hitler. l’armée française, entre autres, s’est rendue sans même se battre, après « l’armistice » du Maréchal Pétain, héros pourtant de la première guerre mondiale. Mais Dieu n’a-t-il pas averti qu’il rendrait « pusillanime » le coeur de ceux qui resteraient dans le pays de leur ennemi  ? (Lev 26:36)
  • Eh oui!, la France était sous gouvernement de Vichy, lui-même aux ordres des Nazis  ! Elle avait abdiqué  ! Elle a même fourni les chambres à  gaz au-delà  de ce que les Allemands demandaient, dans son empresssement à  plaire à  son oppresseur.
  • Qu’on ne me parle pas de la Résistance: je suis bien placée pour savoir qu’il y a eu très peu de résistants les premières années… mais tout le monde l’est subitement devenu alors que le débarquement allié avait lieu !
  • Le Deutéronome 28 et le Lévitique 26 se sont appliqués pleinement pour notre pays, car, de chrétien qu’il était au départ, il a tourné le dos au Dieu d’Israël pour se tourner vers une religion idolâtre, le catholicisme, puis a mis Dieu à  la porte lors de la Révolution en instaurant à  Sa place le culte au dieu maçonnique: l’Être surprême, de fait, Lucifer !
  • L’invasion aujourd’hui par un certain type d’immigrés qui refusent de s’assimiler et ne viennent que se livrer au pillage du pays fait aussi partie des malédictions inscrites en Deutéronome 28:51 à  53)

b) Ensuite, Dieu écarte le juge et le prophète.

Ici aussi, nous pouvons constater la disparition par corruption interne de ces deux fonctions sociales si essentielles à  la vie et à  la saine structuration de toute société  : l’exercice de la justice et le discernement exact du bien et du mal.

Le magistrat qui représente ici le pouvoir de l’État peut devenir lui-même débile. La capacité de gouverner peut disparaître. Les vertus de force et de prudence qui donnent autorité à  celui qui a la charge de gouverner une nation peuvent lui être ôtées.

Les magistrats peuvent devenir si faibles qu’ils ne parviennent plus à  se soustraire aux courants d’opinion qui poussent le public ça et là . Au lieu de diriger la nation vers le bien, ils ne font que suivre le peuple composé de ces moutons qui ne savent que se précipiter si souvent vers le désastre.

–  »  Je suis votre chef, donc je vous suis « , dit le dicton en faisant allusion à  de pareils dirigeants.

Mais il y a plus.

Le prophète est ici mentionné avec le juge.

Le prophète du temps d’Ésaïe – celui qui proclame fidèlement la Parole que Dieu lui donne à  annoncer tant au peuple qu’à  ses dirigeants – doit être associé à  l’Église obéissante qui, elle aussi, doit accomplir cette tâche prophétique.

Car Dieu n’a pas donné à  l’Église les moyens de force lui permettant d’imposer cette Vérité qu’elle doit proclamer à  la nation  ; en revanche, l’État, le magistrat, s’il détient la force (le glaive), n’est pas apte par lui-même à  définir exactement et justement la différence entre le bien et le mal.

Pour cela, le magistrat dépend de la proclamation fidèle de la Parole de Dieu par l’Église, enseignement qui lui donnera les lumières dont il a besoin pour accomplir justement sa tâche si nécessaire.

Et aujourd’hui dans notre pays, la Parole de la prophétie – c’est-à -dire la prédication fidèle par l’Église de la Parole de Dieu – a été écartée de nos nations par Dieu lui-même.

Par ce qui n’est autre qu’un jugement terrible,  Dieu a permis la mainmise d’une critique destructrice de la Bible sur les Facultés de théologie et sur les Séminaires.

Ceci a eu pour conséquence la disparition de la prédication fidèle de la Parole de Dieu dans presque toutes les Églises.

Dans ses remarque concernant ce passage, E. J. Young exprime fort bien le caractère dramatique de cette famine de la Parole de Dieu dont nos nations sont affligées  :

En mentionnant la disparition du prophète, Ésaïe montre la gravité de la privation qui frappera la nation.

C’était par la prophétie qu’était connue la volonté de Dieu et quand le peuple était rendu ignorant de la volonté de Dieu, son sort était des plus tragiques.

Une famine de la parole de Dieu était en fait plus grave encore qu’une simple famine alimentaire.

(E. J. Young, The Book of Isaiah, William B Eerdmans, Grand Rapids, 1976, Volume I, p. 139)

c) Dieu ôtera du pays le devin et l’ancien.

La prophétie ayant été ôtée, le droit n’ayant plus de racine transcendante en Dieu, en Sa loi infaillible, les hommes – qui ont un besoin irrépressible de certitudes – se tournent vers ceux qui prétendent détenir des révélations sur l’au-delà   : les devins.

Les anciens sages du pays s’appuient sur ces fausses révélations, perdent par cela même toute sagesse, et au lieu d’être un appui pour ceux qui gouvernent la nation, deviennent source de confusion et de faiblesse.

Ici encore, les remarques de Young méritent notre attention  :

À la base de tout gouvernement se trouvent les anciens qui, en vertu de leur expérience, sont particulièrement qualifiés pour donner ces bons conseils si nécessaires à  la bonne gestion du pays.

(E. J. Young, Vol. I, p. 140)

Quand les politiciens consultent les voyants – ou les prophéties frauduleuses émises par de prétendus responsables chrétiens (ou cette nouvelle forme de divination que sont les sondages d’opinion, car on consulte le peuple comme autrefois on consultait les auspices ou les morts) – le pouvoir est près d’avoir perdu toute véritable autorité, toute capacité de conduire le pays au bien.

Il est frappant de voir que Dieu n’enlève pas seulement ici les appuis légitimes et indispensables de la nation,

mais également ceux qui sont illégitimes et nuisibles et dans lesquels elle s’est confiée, c’est-à -dire toute vraie et toute fausse autorité.

d) Dieu écarte le chef de cinquante et le notable,

c’est-à -dire ceux qui détiennent des charges administratives tant au niveau local – les groupements de cinquante foyers – qu’au niveau du gouvernement royal, ceux qui sont en faveur auprès du roi.

e) Dieu enlève ensuite les conseillers et les artisans habiles.

Ceux qui ont du bon sens disparaissent.

Ou bien, s’ils existent encore, on les empêche de s’exprimer et les conseils qu’ils auraient pu donner sont aini perdus pour tous.

La désintégration du pays va jusqu’à  la destruction des corps de métiers, jusqu’à  la disparition des ouvriers capables, consciencieux et honnêtes.

Quel désastre, quand, dans un pays, il n’est plus possible de trouver de bons artisans !

f) Enfin, et là  perce l’ironie mordante du prophète,

Dieu ira jusqu’à  écarter ceux qui sont devenus les conseillers par excellence du Prince, ceux qui chuchotent et qui marmonnent,  c’est-à -dire, ceux qui consultent les morts,  les experts ès-arts occultes.

Quelle image navrante nous avons ici de la destruction complète des structures d’un pays, de sa décomposition morale.

Ce n’est pas impunément, nous dit le prophète, que l’on se détourne de Dieu, que l’on rejette Sa bonne Loi,  Loi dont une des tâches capitales est de donner à  la nation des structures saines, source de vie sociale et de santé publique.

IV. La disparition des structures saines de la société – l’injustice et l’anarchie

La nation s’est révoltée contre Dieu. Elle s’est confiée en l’homme et en des moyens purement humains et terrestres.

Dieu et les exigences de Sa loi ont été totalement écartés de la vie publique. Le résultat  ? Dieu enlève Lui-même toutes les structures saines de la société (v. 1).

Mais la portée de Son jugement ne se limite pas à  enlever. Il fait plus, Il donne. Il donne au pays de nouveaux dirigeants, non pour son bien, mais, comme suite de Son jugement, afin de parfaire la destruction de la nation qui s’est rebellée contre Lui (v. 4).

Le but normal de l’autorité donnée par Dieu est de réprimer les forces du chaos présentes en toute société (Rom. 13). Dieu donnera maintenant à  Juda des cadres débiles qui auront comme effet d’accroître l’anarchie qui s’est installée dans le pays.

Ce principe est bien exprimé ailleurs par cette parole du prophète Osée  :

Je t’ai donné un roi dans ma colère, je te l’ôterai dans mon courroux.Osée 13  : 11

Ainsi nous lisons dans notre texte ces paroles terribles  :

(Louis XIV – cinq ans)

Je leur donnerai des jeunes gens pour chefs, Et des gamins domineront sur eux. Parmi le peuple, l’un opprimera l’autre et chacun son prochain  ; Le jeune homme attaquera le vieillard, et le vulgaire celui qui est honoré. Alors un homme saisira son frère dans la maison paternelle  : Tu as un manteau, sois notre chef  ! Prends en main cette masse trébuchante  ! Ce jour-là  il élèvera (la voix) pour dire  : Je ne suis pas infirmier, et dans ma maison il n’y a ni pain ni manteau  ; Ne m’établissez pas chef du peuple. (v. 4-7)

Ainsi, le jugement de Dieu sur ceux qui se confient en l’homme ne se limite pas à  leur ôter tout appui, mais va jusqu’à  leur procurer de faux appuis, des appuis nuisibles, des appuis qui serviront à  détruire la nation totalement.

B. Le gouvernement des gamins

Ce ne sont plus les autorités légitimes du pays  : anciens, chefs de guerre, juges, parents, enseignants, chefs d’entreprise, qui ont en main les destinées de la nation, mais de simples garçons, des jeunes gens, des adolescents.

Le monde est à  l’envers.

Ce sont les enfants qui commandent aux parents  ; les élèves aux enseignants  ; les syndicats aux patrons  ; les soldats aux officiers  ; les fidèles aux pasteurs  ; le peuple à  ceux qui gouvernent.

Pour tout dire, c’est l’opinion et les faiseurs d’opinions qui règnent en maîtres.

Mais il y a plus.

Comme cela est bien connu, la jeunesse et l’adolescence sont la période de la vie la plus inadaptée pour l’exercice d’une quelconque autorité. Car l’adolescence n’est en fait qu’une étape intermédiaire conduisant de l’enfance à  l’âge adulte.

C’est une période d’instabilité et d’incertitude, âge difficile à  vivre, où les repères ne sont pas encore fixes, où l’orientation est incertaine.

Ce passage est certes nécessaire, car au travers de ce temps de tâtonnements douloureux, souvent accompagnés d’épreuves – qui sont des rites de passages entre l’enfance et la vie d’adulte – le caractère s’affermit, le sens des réalités prend le dessus sur les rêves.

Et avec l’épreuve surmontée vient un commencement de sagesse qui ouvre le chemin vers la maturité, qui elle, donne à  l’homme la capacité de commander.

Ici, notre texte nous parle avant tout de cet esprit d’adolescence qui pour certains devient la forme durable de leur caractère.

Car dans toute société déstructurée, de nombreuses personnes demeurent toute leur vie des adolescents.

Ils n’atteignent jamais l’état d’adulte  ; ils prennent leurs rêves pour des réalités et ils en viennent même, si par malheur ils obtiennent le pouvoir, à  imposer leurs utopies à  la société tout entière.

(Robespierre)

Ce sont de tels adolescents perpétuels,

des Robespierre,

des Saint-Just,

des Lénine,

des Hitler,

des Mao Tse Tung,

des Pol Pot

(nous pourrions ajouter bien des figures contemporaines à  cette liste), qui ont instauré l’ère des totalitarismes, ère des utopies idéalistes, à  la fois sanglantes et destructrices de toute communauté humaine.

Nombreuses sont les nations, aujourd’hui, gouvernées par des gamins  !

Ici encore, Young nous fait comprendre la véritable portée de notre texte  :

En toute probabilité, Ésaïe ne parle pas ici simplement de ceux qui sont jeunes d’âge, mais de ceux qui, par rapport à  leur expérience et leurs capacités, sont si faibles et incompétents qu’ils se comportent comme des jeunes gens. (…) C’est le manque de maturité, de jugement et de décision qui peut causer un immense dommage à  la nation (…). La nation allait être affligée d’une masse de bureaucrates ineptes et de dirigeants provenant de la lie de la société. Quand des hommes, dont l’expérience et la maturité sont celles des enfants, prennent en main les rênes de l’État, le chaos doit immanquablement suivre. (E. J. Young, Vol. I, p. 143)

Et c’est ce chaos que nous décrit la suite de notre texte  :

C. Conflit et anarchie

A la collaboration sociale succède la concurrence la plus acharnée. A l’harmonie des éléments de la société, qui sont faits pour se compléter et s’aider mutuellement, succèdent la lutte des classes, la lutte des générations (la lutte des sexes ajouterions-nous), l’acharnement de l’homme contre son prochain.

Sous la conduite débile de dirigeants incapables, tout se disloque, l’anarchie s’installe  ; l’homme au coeur naturellement méchant se révèle visiblement et concrètement un loup pour son prochain.

La société humaine devient une société de rats qui s’entre-déchirent.

Comme il n’y a plus de force publique pour réduire le mal à  l’impuissance, les éléments les plus pervers de la société prennent le dessus.

Comme la justice n’est plus orientée par une fidélité transcendante, n’étant plus fondée sur la loi de Dieu, le juge pervertit l’exercice de sa fonction, allant jusqu’à  justifier le méchant et condamner l’homme de bien.

Ésaïe, ici, met le doigt sur des éléments caractéristiques d’une telle société  :

a) L’oppression et la contrainte déterminent le comportement habituel du peuple tout entier. C’est à  qui sera le plus fort, le plus rapace, le plus cynique. Le fort gagne et le faible est écrasé.

Comme le dit l’expression anglaise  :

la vie est devenue une course de rats.

b) L’enfant traitera avec arrogance le vieillard, l’adolescent tourmentera ses aînés, les jeunes s’attaqueront avec mépris aux vieux.

C’est que l’enfant, suite à  la destruction des structures bibliques de la famille et de l’école, n’a tout simplement pas été éduqué, ses tendances mauvaises n’ont pas été réprimées. Le commandement d’honorer ses parents est oublié.

On ne comprend plus le sens de cette ordonnance du Lévitique  :

Tu te lèveras devant les cheveux blancs et tu honoreras la personne du vieillard. Tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel. Lévitique 19  : 32.

c) Enfin, sans le respect par la jeunesse des générations plus âgées,  il ne peut y avoir, ni transmission des connaissances, ni aucune sagesse.

Il est alors évident que, dans une pareille société, ce qui est vulgaire et vil aura le dessus.

C’est ce qu’on appelle l’écroulement culturel d’une société, le règne du dénominateur le plus bas, le plus veule et le plus laid.

À une telle situation, il n’y a aucun remède. C’est le règne universel de la médiocrité. Dans une situation pareille d’anarchie spirituelle, morale, sociale et politique, on fait appel à  n’importe quel parvenu pour tenter de redresser la situation.

Mais ici on se place sur le plan exclusivement politique.

Les critères du choix sont les plus insignifiants  :

Tu as un manteau !, Tu passes mieux la rampe, Tu as un meilleur profil, Tu plais à  l’électorat féminin, etc.

Ils légitiment l’appel à  prendre la situation politique en main. Mais personne ne se sent la capacité de relever un tel amas de ruines. Comment redresser cette masse trébuchante, ce chaos anarchique qu’est devenue une société livrée à  des mains débiles.

Tous se défilent en prétendant ne pas avoir la vocation de bandagistes, d’infirmiers sociaux, et ne pas être capables d’entreprendre la guérison de l’État.

Tous se récusent, tous refusent la responsabilité de la chose publique.

Et sans doute en est-il mieux ainsi, lorsque l’on pense aux hommes qui dans l’histoire récente de l’Europe se sont découvert une vocation de sauveurs de leur nation  :

les Napoléon, les Lénine, les Mussolini et les Hitler.

Staline ne se considérait-il pas comme  »  l’ingénieur suprême de la société  » ?

D. Le constat de Dieu sur l’état de la nation

Oui Jérusalem trébuche et Juda s’effondre, Parce que leurs langues et leurs oeuvres Se tournent vers l’Éternel pour braver les regards de sa majesté. Leur audace témoigne contre eux, Et comme Sodome, ils publient leur péché, Sans dissimuler. (v. 8-9)

Comme le président des États-Unis, qui chaque année au mois de janvier dresse un bilan de la vie de son pays lors de ce qu’on appelle le  »  Discours sur l’état de l’Union « , Dieu, ici, par la voix d’Ésaïe, dresse son bilan infaillible sur l’état du Royaume de Juda.

Le résultat en est une plainte amère, un poème de lamentation.

Jérusalem vacille. Non, plus que cela, elle s’effondre.

Elle est comme l’ivrogne qui sous l’emprise du vin trébuche et, ne pouvant se retenir, s’écroule. Et la cause de l’effondrement national est évidente.

Par leurs langues et leurs oeuvres, en parole et en action, théoriquement et pratiquement, la nation entière s’est tournée vers Dieu.  Mais elle se tourne, non pour revenir à  Lui dans un mouvement de repentance et de foi, mais pour le narguer, l’insulter, pour braver les regards de sa majesté. (v. 8)

L’Alliance est rejetée par Juda tant en pensée que par les actes.

L’être de la nation tout entière, corps et âme, se dresse maintenant contre Dieu, comme un seul homme.

C’est le slogan de la révolte  : Ni Dieu, ni loi  !

Tous défient consciemment et de plein gré les regards de la majesté divine ou, comme l’exprime la traduction de la Bible Martin, les yeux de Sa gloire, ces yeux qui voient tout, qui sondent toutes choses et aux regards desquels n’échappe aucune des actions des hommes.

(Lot fuyant Sodome)

Leur audace même témoigne contre eux, nous dit le texte. C’est-à -dire qu’ils ne cherchent même plus à  dissimuler l’expression de leurs sentiments de haine contre Dieu. Comme Sodome, ils en sont même venus à  publier ouvertement, à  étaler au grand jour, avec arrogance et fierté, leurs péchés abominables.

Ils ne cherchent même plus à  dissimuler leurs vices comme le font les hypocrites qui, par leur duplicité même, approuvaient indirectement le bien qu’il ne faisaient pas.

Comme l’écrivait La Rochefoucauld  :

L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à  la vertu.

Car, l’étalage sans vergogne du mal en plein jour est pire que l’hypocrisie.

Abandonné à  ses perversions, l’homme affirme de cette façon qu’il est libre, qu’il peut, de plein droit, commettre n’importe quel acte infâme.

Et malheur à  quiconque oserait lui en faire le moindre reproche  ! C’est l’anomos, l’esprit sans loi de celui qui, comme le dit Nietzsche, se croit Au-delà  du bien et du mal.

C’est l’esprit même de l’Antéchrist, de l’ennemi suprême de Dieu, de l’homme et de la société.

 »Malheur à  eux, car ils préparent un malheur. Dites  : le juste est en bonne voie, On mangera le fruit de ses oeuvres. Malheur au méchant  ! Il est sur une mauvaise voie, Car il lui sera fait ce que ses mains auront préparé. (v. 9b-11)

(destruction de Sodome)

On récolte ce qu’on sème.

La chaîne des causes et des effets ne saurait être rompue par l’homme. Immanquablement, nous serons jugés selon nos oeuvres.

Mais, nous dit Ésaïe, s’il est certain que le méchant est destiné au malheur (il le répète deux fois  : Malheur à  eux … malheur au méchant ), si celui qui prépare le malheur s’élance sur la mauvaise voie, nous pouvons être sûr, qu’il lui sera fait ce que ses mains auront préparé.

Mais ce principe est valable également pour le juste, pour celui qui s’appuie sur la justice du Christ.

Et dans ce tableau si sombre apparaît une merveilleuse promesse. Citons là  encore la Bible Martin  :

Dites au juste que bien lui sera Car les justes mangeront les fruits de leurs oeuvres (v. 10).

Et dans sa Bible annotée de 1707, Martin commente  :

Quoique les Fidèles soient quelquefois enveloppés de malheurs publics, Dieu ne laisse pas d’accomplir en leur faveur cette promesse par les grâces de son Esprit qu’Il répand sur eux et par la possession des biens éternels. (Commentire du Vol. II, p. 4)

Et un commentateur ajoute  :

Dans la plus profonde dégradation et dans la situation sociale et nationale où domine le péché le plus noir, Dieu n’oublie pas les justes, ceux qui écoutent sa voix.

Car dans la catastrophe générale de la nation, Dieu garde un reste fidèle, reste qu’Il maintiendra, qu’Il protégera et qu’Il conduira sans faute et en triomphe dans Son royaume.

C’est le livre de l’Apocalypse qui nous donne le meilleur commentaire de ce texte  :

J’entendis du ciel une voix qui disait  : Écris  : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dès à  présent  ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent. Apocalypse 14  : 13

Et pour nous qui restons dans un monde où nous sommes environnés par l’apostasie de ceux qui tournent, avec haine et mépris, toute leur force contre Dieu, l’ange de l’Apocalypse nous exhorte en ces termes  :

Le temps est proche. Que celui qui est injuste soit encore injuste, Que celui qui est souillé se souille encore, Que le juste pratique encore la justice, Et que celui qui est saint soit encore sanctifié  ! Voici  : je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma rétribution Pour rendre à  chacun selon son oeuvre. Apocalypse 22  : 10-12

Dieu établit le bilan du gouvernement de la nation rebelle et dresse son tribunal pour le jugement.

 »Mon peuple a pour oppresseurs des gamins, Et des femmes dominent sur lui  ; Mon peuple, tes dirigeants t’égarent  ; Ils effacent la voie dans laquelle tu marches. (v. 12)

Le monde est sens dessus dessous. Ce sont des gamins, ce sont des femmes, des êtres faibles et capricieux qui oppressent le peuple.

Plus encore, ces dirigeants, ceux qui devraient conduire le peuple dans la bonne voie, sont ceux-là  mêmes qui l’égarent, lui font perdre le droit chemin. Mais ces dirigeants de malheur vont plus loin encore.

Non seulement ils mènent le peuple dans des chemins de traverse, mais ils poussent leurs actions perverses jusqu’à  effacer toutes les traces qui pourraient encore indiquer le bon chemin. Ce sont des  :

Magistrats de malheur Qui façonnent l’oppression à  l’aide du code. Psaume 94  : 20

Ils effacent, ils gâtent, ils rendent impraticable, ils engloutissent le chemin de la vérité et de la vie dans ces labyrinthes de mensonges qu’ils opposent à  la Loi divine.

Le désastre de la nation est à  son comble, le mal ne peut guère aller plus loin.

C’est dans de telles extrémités que Dieu se lève pour juger  :

 »L’Éternel se présente pour plaider Il est debout pour juger les peuples L’Éternel entre en jugement.Avec les anciens de son peuple et avec ses chefs  : Vous avez brouté la vigne  ! La dépouille du pauvre est dans sa maison  ! Pourquoi donc foulez-vous mon peuple, Écrasez-vous la face des pauvres  ? – Oracle de l’Éternel de armées. » (v. 14-15)

La vigne de Dieu, c’est son peuple. Ce peuple n’appartient pas aux anciens et aux princes. Ils n’en sont pas les propriétaires absolus, libres d’en faire ce que bon leur semble. Et même en tant que propriétaires, ils ne devraient pas exploiter la vigne que Dieu leur a confiée avec une telle rapacité, jusqu’à  ne plus rien laisser à  glaner aux pauvres.

Ils sont devenus les dominateurs et les exploiteurs de la nation et par eux, les pauvres sont pressurés jusqu’au sang. Au lieu d’être au service du peuple de Dieu pour lui faire du bien et l’élever par leur autorité vers la vérité et la justice, ces chefs minables l’oppriment de tout le poids de leur cruauté.

Ils vont jusqu’à  écraser la force des pauvres et des misérables, de ceux pour lesquels le Dieu miséricordieux et juste est le premier et suprême défenseur, le protecteur royal.

George Orwell, le grand romancier anglais, dans son analyse si lucide du régime qui, en ce siècle de sang et de larmes, a le plus opprimé les pauvres, le plus écrasé les nations qui sont tombées prisonnières de son totalitarisme tyrannique, le communisme, semble s’être inspiré de ce texte lorsqu’à  travers la vision que se faisait le tortionnaire O’Brien des lendemains qui chantent, il invoquait le paradis marxiste en ces termes  :

Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain (…) éternellement (…). Et souvenez-vous que c’est pour toujours. Le visage à  piétiner sera toujours présent. L’hérétique, l’ennemi de la société existera toujours pour être défait et humilié toujours. George Orwell, 1984, Gallimard, Paris, p. 337.

Nous ne pouvons que répondre avec le psalmiste  :

Dieu des vengeances, Éternel  ! Dieu des vengeances, parais dans ta splendeur  ! Lève-toi, juge la terre  ! Pour rendre aux orgueilleux selon leurs oeuvres (…) Il fera retomber sur eux leur faute, Il les réduira au silence par leur méchanceté  ; L’Éternel notre Dieu les réduira au silence. Psaume 94  : 1-2, 23.

E. Le féminisme  : image actuelle de l’humanisme (v. 16-24)

Le féminisme, pendant nécessaire de l’humanisme

Le prophète examine maintenant les effets sur la femme de cette tendance de l’homme à  s’appuyer sur lui-même, à  s’auto-idolâtrer (l’humanisme).

Il découvre que si cette auto-dépendance de l’homme envers lui-même provoque l’effondrement de son autorité, sa féminisation (d’où une société effondrée, sans force), a par contre un effet tout contraire chez la femme qui, elle, devient masculine et se virilise.

C’est ce que nous appelons aujourd’hui le féminisme.

Le féminisme n’est en fait qu’un sous-produit de l’humanisme.

Si l’homme abandonne ce qui fait sa force, la confiance qu’il met dans le vrai Dieu,

il verra immanquablement la femme, à  son tour, perdre toute confiance en l’homme.

Il faut rappeler que si l’homme est la gloire de Dieu, la femme, elle, est la gloire de l’homme. Si l’homme est l’aide de Dieu, la femme, par contre, est l’aide de l’homme.

L’homme est ainsi le reflet de Dieu, et la femme le reflet de l’homme.

Tel sera un homme, telle sera sa femme. Si l’homme est pieux et fidèle, c’est-à -dire véritablement homme, et pleinement viril, sa femme, son vis-à -vis, sera elle-même véritablement femme.

Ainsi, l’épanouissement, la féminité chez la femme, vont dépendre de ce que son vis-à -vis sera homme véritable, c’est-à -dire un homme qui dépend de Dieu et non de lui-même.

Ainsi lorsque l’homme rejette sa relation de dépendance envers Dieu, la femme, son vis-à -vis, sera incapable de vivre une relation de réelle dépendance envers lui.

C’est alors qu’elle subira un attrait irrésistible pour l’autonomie, l’indépendance, la fausse liberté. Nous avons ici la vraie source du féminisme.

Pour combattre ce fléau destructeur du corps social, il nous faut nous attaquer à  la racine du problème  : l’auto-dépendance de l’homme, son auto-idolâtrie. Car si l’humanisme est le culte de l’homme, le féminisme en est son pendant. C’est le culte de la femme.

Et tous deux portent la marque de la révolte contre Dieu.

Ces quelques considérations anthropologiques nous permettent de relier les textes que nous venons d’étudier à  la fin de notre chapitre. Car l’analyse d’Ésaïe aurait eu un caractère incomplet s’il n’avait pas aussi traité l’aspect féminin de la déclaration d’indépendance de l’homme par rapport à  Dieu.

Ésaïe commence par une description de la mentalité féministe de son temps  :

L’Éternel dit  : Parce que les filles de Sion sont orgueilleuses, et qu’elles marchent le cou tendu et les regards effrontés, parce qu’elles vont à  petits pas, et qu’elles font résonner les anneaux de leurs pieds … (v. 16)

En quelques mots, nous avons un portrait saisissant de la démarche physique de ces orgueilleuses, portrait en long, pourrait-on dire, du cou aux chevilles, des pieds à  la tête.

L’attitude de ces femmes est caractérisée par leur orgueil. Elles ont une vue exaltée de leurs personnes, elles sont élevées à  leurs propres yeux.

Toute leur attitude est l’opposé de l’humilité. Leur corps tout entier exprime un sentiment de supériorité, de domination  :

« ” Elles marchent le cou tendu.

Il ne s’agit pas seulement ici d’une démarche cambrée, projetant tout leur corps à  la rencontre des autres, d’une nuque raide, témoignage physique d’un esprit orgueilleux, mais aussi du caractère impudique de toute leur attitude.

Martin traduit ici  : Elles marchent la gorge ouverte, littéralement en allongeant le cou vers le bas. Elles portent de profonds décolletés et par ce fait, démontrent leur caractère impudique, immodeste.

« ” Leurs regards sont effrontés.

Les yeux sont l’élément le plus expressif du visage. Les yeux sont ce qui révèle le plus l’âme. Le texte hébreu dit littéralement mentant des yeux. Elles utilisent leurs yeux comme autant d’appâts pour saisir les regards des hommes.

Martin, dans un commentaire fort approprié écrit  :

Ce qu’il appelait ici des yeux qui mentaient, c’étaient des yeux dont les regards étaient toujours dissipés et errants de côté et d’autre  ; ce qui est ordinairement pour des femmes une grande marque d’immodestie. (Bible Martin, Commentaire, p. 4)

« ” Elles vont à  petits pas.

Par leur démarche, elles cherchent à  attirer l’attention, à  provoquer les désirs sexuels des hommes. Ici le mot hébreu est « tapaph » et provient de « taph » qui décrit la manière de marcher des petits enfants.

Il y a donc quelque chose de langoureux, d’affecté, une mollesse qui n’est pas naturelle.

Autant les simples femmes africaines des villages de brousse qui avaient l’habitude de porter des fardeaux sur la tête, frappaient l’observateur par l’élégance magnifique de leur allure fière et noble, autant ces femmes sophistiquées laissaient mollement onduler leur corps pour attirer les attentions du sexe opposé.

« ” Elles font résonner les anneaux à  leurs pieds.

Les résultat de toutes ces manigances physiques est de faire sonner les boucles qu’elles portent à  leurs chevilles. Tout est calculé pour annoncer le passage d’une femme orgueilleuse et légère.

Toute l’attitude de ces femmes fait penser que la société judéenne en est venue à  pratiquer l’éthique eudémoniste ou hédoniste, éthique qui voit dans le plaisir et le bonheur physique le but unique de la vie.

Pour elles – et elles sont ici le digne reflet de leurs hommes – la vie se résume par le vieux dicton  :

Mangeons, buvons, forniquons, car demain nous mourrons.

Ésaïe ne condamne aucunement, ici, le fait d’être belle ou de s’habiller avec élégance et goût, mais bien plutôt ce coeur orgueilleux et cette arrogance intérieure qui feront que le corps parlera le langage complaisant de la vanité.

C’est le culte de l’apparence, la volonté de manipuler autrui par les faux-semblants.

E. J. Young rend bien compte de la portée véritable d’une pareille attitude  :

Lorsque les femmes deviennent d’une totale vanité et entièrement centrées sur elles-mêmes, le cancer de la décadence morale consume le coeur même de la nation. Une parure saine et la beauté véritable des femmes doivent être le reflet de la gloire de Dieu. Quand les femmes en viennent à  cultiver et à  chérir leur propre beauté pour elle même, elles empiètent sur le domaine de Dieu et attaquent la gloire et la beauté qui Lui appartiennent en propre. (E. J. Young, Vol. I, p. 161)

Quelle différence constatons-nous avec la beauté féminine véritable telle que la Bible nous la décrit  :

Vous de mêmes, femmes, soyez soumises chacune à  votre mari, afin que même si quelques-uns n’obéissent pas à  la parole, ils soient gagnés sans parole, par la conduite de leur femme, en voyant votre conduite pure et respectueuse.

et l’apôtre Pierre d’ajouter ces paroles magnifiques  :

N’ayez pas pour parure ce qui est extérieur  : cheveux tressés, ornements d’or, manteaux élégants, mais la parure cachée du coeur, la parure personnelle, inaltérable, d’un esprit doux et tranquille  ; voilà  qui est d’un grand prix devant Dieu. 1 Pierre 3  : 1-6a

Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à  leur mari, telle Sara qui obéissait à  Abraham et l’appelait son Seigneur.

Mais Dieu ne supporte pas plus l’orgueil des femmes que celui des hommes. Si pour ces derniers, son jugement s’exprimera par la destruction de leurs faux appuis, pour les premières, ce sera l’arrachement de tous les oripeaux de leur fausse beauté.

Le Seigneur rendra chauve le crâne des filles de Sion, L’Éternel découvrira leur nudité. (v. 17)

Cette proclamation du jugement de Dieu sur le culte des fausses apparences, des apparences trompeuses qu’est la mode féminine, débouche sur l’évocation de la haute couture des femmes nobles de l’époque d’Ésaïe, une véritable litanie vestimentaire.

Cette litanie des ornements et parures féminines nous fait penser, non à  l’épouse fidèle que nous venons d’évoquer, parée de cet ornement incomparable qu’est un esprit doux et paisible, mais à  la femme fardée de l’Apocalypse, cette putain spirituelle qui, ayant renoncé à  l’être ne recherche plus que le paraître.

Elle a, dans son apostasie, tronqué le mensonge pour la vérité, le culte des vêtements et des ornements extérieurs pour les qualités intérieures de l’être.

Quel contraste n’avons-nous pas ici avec cette épouse sainte et fidèle qui, plaisant à  Dieu, répand au dehors cette beauté et cette harmonie qui émanent de ceux qui respirent la bonne odeur du Christ.

Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms blasphématoires, et qui avait sept têtes et dix cornes.

Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à  la main une coupe d’or, remplie des abominations et des impuretés de son inconduite.

Sur son front était écrit un nom, un mystère  : Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre.

Apocalypse 17  : 3-5

Avec une minutie de couturier de mode, Ésaïe déploie devant nous le faste et le luxe des femmes huppées de son époque.

Mais il ne s’agit pas ici d’une description complaisante, car cette énumération, à  nos yeux, extravagante, est précédée par l’annonce brutale du dépouillement de ce luxe par le jugement de Dieu  :

En ce jour, le Seigneur ôtera toute parure  : les anneaux, les filets et les croissants  ; les pendants d’oreilles, les bracelets et les voiles, les diadèmes, les chaînettes des pieds et les ceintures  ; les boîtes de senteurs et les amulettes  ; les bagues et les anneaux du nez  ; les vêtements précieux et les longues tuniques  ; les manteaux et les réticules  ; les miroirs et les étoffes transparentes  ; les turbans et les mantilles. (v.18-23)

Par cette description d’un luxe inouï, c’est tout un monde raffiné et fragile qui est évoqué par Ésaïe.

C’est la vie fastueuse d’une classe dominante qui, nous l’avons vu, tire sa richesse et son opulence effrontée, de l’écrasement des pauvres. C’est la pourriture raffinée installée sur la misère la plus affreuse.

Dieu ne peut supporter un tel mensonge, une telle injustice. Comme il a dépouillé de leur autorité les hommes qui se fiaient en eux-mêmes, ainsi il dépouillera les femmes qui se glorifient en elles-mêmes, de tout ce qui fait leur vanité  : leur luxe et leur beauté.

Dieu va arracher tout ce fard menteur.

À la beauté et l’élégance vont succéder les marques de l’esclavage. La réalité de la nudité, de la faiblesse et de la pourriture humaine va réapparaître dans toute sa cruauté sous la dure main du jugement de Dieu.

Au lieu de parfum, il y aura l’infection;

Au lieu de ceinture, une corde  ;

Au lieu de coiffure arrangée, une tonsure  ;

Au lieu d’un manteau de luxe, un sac enroulé  ;

Une marque flétrissante, au lieu de beauté. (v. 24)

Cinq fois, l’expression au lieu de sonne comme un glas funèbre.

À la fausse gloire succède la vraie ignominie.

Dans un renversement complet,  au maquillage fragile des apparences cosmétiques succède la réalité la plus crue :

« ” le parfum est remplacé par une odeur nauséabonde  ;

« ” à  la ceinture délicatement tissée succède une corde  ;

« ” à  la place d’une coiffure élégamment frisée vient un crâne rasé  ;

« ” au manteau de luxe de la maîtresse succède le sac de l’esclave  ;

« ” et enfin à  la beauté merveilleuse de ces femmes, objets de tous les raffinements d’une civilisation sophistiquée, fait place la marque du fer qui flétrit la chair.

Comment cela arrivera-t-il  ? Par la guerre.

La catastrophe qui précipitera à  terre cette civilisation d’une sophistication rare  ; c’est l’invasion et la destruction guerrière. Ici, le prophète s’adresse à  la ville de Jérusalem au singulier, comme s’il parlait à  un homme  :

Tes hommes tomberont par l’épée Et tes héros à  la guerre. (v. 25)

Puis, il se tourne vers les portes de la ville – là  où se réunissent les anciens auxquels était confié le gouvernement de la cité – pour décrire son malheur. Car une fois que la population mâle, les hommes, que les héros, les guerriers, la force et la bravoure de la cité seront détruits, le pays n’aura plus aucune force.

Les Portes de Sion gémissent et sont dans le deuil  ; Dépouillée elle s’assiéra par terre.

La ville sainte est ici dépeinte (v. 26) comme une femme, assise, inconsolable, à  terre. L’orgueil est enfin abaissé  !

Quel contraste entre cette femme humiliée, réduite à  s’asseoir dans la poussière, et l’épouse de Jésus- Christ, celle que le Christ a aimée et pour laquelle il s’est livré,

(…) afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la Parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. Ephésiens 5  : 25-27.

Le cycle de destruction arrive à  son terme. Dieu a enlevé l’autorité légitime du pays. Puis il a donné au pays des femmes et des enfants comme chefs pour le détruire.

L’auto-suffisance de l’homme, cet humanisme qui marque de son sceau son refus de refléter la gloire de Dieu, a poussé la femme à  ne plus se voir comme la gloire de l’homme et, libérée de toute modestie, à  étaler devant tous ses atouts.

Cette société où l’homme se féminise, et où la femme s’affirme devant tous dans sa vanité amère, conduit inéluctablement au désastre militaire, à  la disparition, cette fois matérielle, des hommes tués à  la guerre ou déportés dans la patrie du conquérant.

Et cette situation désespérée ramène enfin les femmes à  un semblant de bon sens. Elles se rendent compte que seules elles ne peuvent rien. Elles découvrent à  quel point elles ont besoin de l’homme pour les protéger, pour leur donner une raison d’être, un sens personnel et social  ; à  leur vie  ; pour tout dire, un nom  :

Sept femmes saisiront en ce jour-là  Un homme pour lui dire  : Nous mangerons notre pain, Et nous nous vêtirons de notre manteau  ; Fais-nous seulement porter ton nom  ! Enlève notre honte ! (4  : 1)

Mais c’est à  l’homme de nourrir sa femme. Même s’il en prenait une deuxième, il lui devait la nourriture et le vêtement  :

S’il prend une autre femme, il ne diminuera en rien la nourriture, le vêtement et le droit conjugal de la première. (Exode 21  : 10)

C’était l’honneur de l’homme de s’occuper de sa femme, d’en prendre soin, de la vêtir.

Mais ici, les choses vont totalement de travers, tout est renversé. Les femmes acceptent de se nourrir et de s’habiller elles-mêmes. Tout ce qu’elles demandent, c’est qu’on leur donne un nom, ce signe visible qui atteste de leur existence publique, légale.

Au verset 6 du chapitre 3, c’étaient les hommes qui se saisissaient d’un homme pour en faire leur chef. Et les hommes se dérobaient, refusant d’assumer leur responsabilité politique.

Le désordre est allé si loin que ce sont maintenant les femmes qui cherchent désespérément un homme pour, elles aussi, être gouvernées, avoir elles aussi ce chef sans lequel elles ne peuvent vivre.

Le cycle du péché est parvenu à  son comble. L’humiliation ne peut aller plus loin. Et cet état d’abaissement complet est celui par lequel il nous faut tous passer si nous voulons retrouver notre vrai chef, ce germe de l’Éternel qui Lui, la gloire de son Père, saura prendre soin de son épouse, Jérusalem, la sainte cité, la nourrir de sa vie même, et la revêtir de sa gloire.

Mais n’anticipons pas le thème qu’Ésaïe évoquera si magnifiquement dans le chapitre suivant de sa prophétie  :

Et ce jour-là , le germe de l’Éternel deviendra magnificence et gloire

Et le fruit du pays deviendra fierté et parure, pour les rescapés d’Israël. (4  : 1)