« (Un article écrit pour la Revue Séfarade Los Muestros) » – Site: http://www.antonietti-israel.org/

Corse, Evangélique, et Bénévole en Israël ! Pourquoi ?

Il y a maintenant plus de cinq ans que je suis bénévole en Israël.

« Je ne suis pas Juive ».

Cela frappe, et intrigue toujours. Surtout après plusieurs années ici ! Les interrogations sont, alors, immédiatement, très nombreuses : « Tu viens d’un si beau pays ! La Corse ne te manque pas? » « Tu n’as ni pension, ni ressources ; comment fais-tu pour vivre ? Tu ne t’inquiètes pas pour ton avenir ? » « Quel travail vous demande-t-on de faire, comme bénévoles ? » « Comment vois-tu Israël et les Israéliens, après tout ce temps ici ? » « Combien de temps resteras-tu ? » … etc…etc…

Mais ce qui suscite le plus de questions, de la part de tous, ce sont les motivations de mon engagement aux côtés d’Israël, et de ma venue ici !

Toute cette aventure a commencé en 2001. J’avais été invitée à  un séminaire d’une semaine, à  Agen. Je m’y étais rendue, parce que j’avais la conviction que c’était ma place. Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée. J’avais juste… cette conviction !

Je me souviens de cette semaine comme l’une des plus terribles et éprouvantes de toute ma vie! Le thème en était : « la France et Israël ». L’orateur était Luc HENRIST, représentant en Belgique de l’association internationale « Chrétiens Amis d’Israël » (*). Il connaît bien Israël, où il a vécu avec sa famille pendant 10 ans. Mais il a aussi étudié très en profondeur toute l’histoire, concernant ce sujet, comme je crois que peu de personnes ne l’ont fait.

Pourquoi ai-je dit que cette semaine avait été terrible ?

C’est que nous -les participants à  ce séminaire- étions presque tous Français et chrétiens. Or, l’exposé des relations de la France et des chrétiens, avec le peuple juif et avec Israël, s’est avéré, malheureusement, épouvantable à  entendre !

Luc Henrist avait étudié de très nombreux textes et archives. Ainsi, au long de cette semaine, il a pu nous décrire, en détail, des siècles et des siècles -presque deux millénaires !- de relations, hélas, dramatiques, effroyables et consternantes !

Nous étions tous écrasés, ressentant seulement honte et douleur de tant d’atrocités commises par nos pères, souvent, malheureusement, au nom de Dieu (pourtant, le Dieu d’Israël !) ou de Jésus (pourtant, Yeshoua, Juif !). Nous restions sans voix devant l’horreur de ce que nous entendions, pouvant seulement pleurer, suppliant Dieu de pardonner à  notre pays et à  l’Église! Et qu’Il ouvre les yeux de tous sur tant d’INJUSTICE !!

Déjà , Il était en train d’ouvrir… nos propres yeux !  D’autant plus que Luc ne nous parla pas seulement des exactions, des persécutions et des massacres passés  : par de très nombreux exemples concrets, il nous montra également comment, aujourd’hui encore, nos pays prennent le plus souvent position contre Israël, l’accusant même de façon totalement infondée!

Jusque là , je ne m’étais jamais intéressée à  la question d’Israël. Je n’y avais tout simplement jamais pensé ! Et, soudain, j’entendais quelqu’un nous démontrer les positions injustes de nos dirigeants, et les mensonges de nos médias, qui accusent systématiquement un pays et le rendent (forcément !) responsable de presque tout !

Je me suis rendu compte à  quel point j’avais toujours été naïve  : on me disait quelque chose, et je le croyais ; je ne me posais même aucune question. À plus forte raison, si je voyais les informations télévisées, si je lisais les journaux, ou si j’entendais ceux qui nous gouvernent !

Comment imaginer que ce que l’on disait, ou ce que je voyais sous mes yeux à  la télévision, puisse ne pas être la pure et stricte vérité !…

Or, Luc nous décrivait la guerre des images :

– comment l’aide financière, envoyée par nos pays à  une population, était détournée ;

– comment des gens avaient été maintenus dans des camps, pour exhiber leur misère au monde entier, afin de susciter la pitié à  leur égard et, ainsi, la réprobation de tous à  l’encontre d’Israël ;

– comment on montre à  profusion le deuil, les pleurs, les cris, le sang, toujours d’un seul côté, exacerbant toujours plus l’hostilité vis-à -vis de celui qui, pourtant, a été attaqué, a aussi des blessés et des morts, et ne fait que défendre sa population civile, ses femmes et ses enfants, refusant désormais la position de victime passive.

Luc nous expliqua l’emploi, dans le même sens, du « choc des mots » : comment, même un enfant innocent devient, pour les médias du monde entier, une arme redoutable, suivant qu’il sera simplement « un mort israélien » ou « une fillette palestinienne de 3 ans, tuée par les tirs des soldats israéliens ». Même si la petite fille a été tuée, en réalité, par son propre père, terroriste palestinien en train de nettoyer son arme !…

J’étais atterrée par tout ce que j’entendais et découvrais ! Bien sûr, par la suite, j’ai pu voir, par moi-même, sur CNN, les « morts » du « massacre de Jénine » tomber des civières, se relever et courir pour se rallonger sous leur linceul et, finalement, être multipliés par 30 ! 1.500, nous disait-on sans cesse, au lieu des 54 réellement tués (dont 45 terroristes armés) ! Et j’ai découvert, consternée, comment, en tronquant une photo, l’agression d’un jeune Juif américain par des Arabes dans une station service peut devenir, pour les journaux et les médias du monde entier, le « matraquage d’un jeune Palestinien par des Israéliens, sur le Mont du Temple » (appelé, bien sûr, « Esplanade des Mosquées ») !

Et tellement d’autres désinformation ou manipulations

Je n’ai jamais pu supporter l’injustice !!

Tout ce qui nous était exposé était terrible à  entendre ! Pourtant, pour moi, en tant que croyante, le pire fut lorsque Luc nous montra avec quel antisémitisme nous, chrétiens, sommes enseignés et induits en erreur, sans le savoir. Par exemple, il nous est toujours dit que le repos et la célébration du dimanche commémorent la résurrection de Jésus ce jour-là . Or, nous ignorions totalement que cela, ainsi que les fêtes dites « chrétiennes », avaient en réalité pour origine le Concile de Nicée de 325, avec des motivations uniquement antisémites ! Nous entendions tous pour la première fois la formulation, tellement odieuse et pleine de haine, de cette décision !

D’ailleurs, dans les « 10 commandements » de la Bible, que les chrétiens aussi veulent respecter, le Créateur a donné à  l’homme comme jour de repos… le 7ème jour, le Shabbat ! C’est le texte du livre de l’Exode, chapitre 20 verset 10 : « Le 7ème jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils… ni l’étranger qui est dans tes portes » : du vendredi soir au samedi soir. Il n’est nulle part question d’un autre jour ! De même, on ne trouve dans les textes que Pessah, Souccot, Shavouot… Même Jésus (Yeshoua, Juif) « montait à  la synagogue le jour du Shabbat » et « célébrait la Pâque (juive !) avec ses disciples ».

Luc nous montra aussi comment il nous a été enseigné que nous, chrétiens, sommes le « nouvel Israël« , bénéficiaire de toutes les grâces, promesses et bénédictions, et que Dieu a rejeté Israël.

Je n’avais jamais pris conscience de cette usurpation !

Il est vrai que nous sommes habitués à  lire dans la Bible les noms « Israël », « Ephraïm », « Juda »… et à  interpréter qu’il s’agit de nous, et seulement de nous. Nous lisons « Je te bénirai » et, sans nous en rendre compte, nous traduisons que Dieu nous bénit, nous, les chrétiens, et non Israël ! Mais je n’avais jamais pensé à  tout cela, auparavant.

En particulier, nous prenons toujours pour nous ce verset :

« celui qui vous touche touche la prunelle de Son oeil » (Zacharie 2/8).

Nous sommes la prunelle de l’oeil de Dieu ! Pourtant, le contexte de ce verset est clair :

« Fuyez du pays du septentrion ! Car je vous ai dispersés aux 4 vents. Sauve-toi, Sion… car celui qui vous touche… ».

Où aurions-nous été dispersés ? Et de quel pays du nord devrions-nous fuir ? De qui peut-il s’agir, ici, sinon d’Israël, du vrai, prunelle de l’oeil de Dieu !

J’ajouterai même que, avant de nous attribuer ce qui a été promis à  un autre, et surtout avant de rejeter Israël, nous ferions bien de relire extrêmement attentivement ce passage, surtout si nous croyons que c’est Dieu qui l’a inspiré. Il nous y avertit clairement, nous, les nations  !….  

« Ainsi parle l’Eternel des armées  : après cela, viendra la gloire  !
Il m’a envoyé vers les nations qui vous ont dépouillés  ;
Car celui qui vous touche la prunelle de Son œil.
Voici, je lève ma main contre elles… »

(Zacharie 2)

Mes yeux se sont ouverts.

En lisant les textes, je découvrais  soudain une toute autre dimension : c’était vraiment un autre monde, infini, avec un dessein éternel et magnifique de Dieu, pour un peuple et pour un pays ; avec des projets, et tout un avenir, selon ce qui est écrit :

« Je connais les projets que j’ai formés pour toi, projets de paix, et non de malheur, afin de te donner un avenir et de l’espérance » (Jérémie 29/11).

Au fil des textes, je voyais désormais tout l’amour que Dieu a eu, de toute éternité, pour ce petit peuple qu’Il a choisi pour « Mon peuple » ; et Son amour pour ce pays qu’Il appelle « Mon pays« , qu’Il a promis de donner à  Israël,

« tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle » (Genèse 17/8), « à  toi et à  ta postérité, pour toujours » (Genèse 13/15) « et ils le possèderont pour toujours » (Exode 32/13).

J’étais émerveillée et bouleversée de découvrir tout cet amour de Dieu pour Israël ! J’étais touchée et émue par la fidélité de Dieu pour  ce peuple, et par Ses promesses sans cesse rappelées, paroles sûres et certaines qu’Il accomplira toutes !

Et Luc nous en montrait déjà  tant d’accomplissements, dans la réalité actuelle d’Israël ! 1948 et la recréation de l’État d’Israël.

« Un état peut-il naître en un jour ?.. »

Oui, par la volonté de Dieu, en un instant, par le résultat d’un vote international ! Exactement comme cela avait été écrit :

« Une nation est-elle enfantée d’un seul coup? À peine en travail, Sion a enfanté ses fils! » (Esaïe 66/8).

  Et ce retour des Juifs sur leur terre, qui avait été promis dans tellement de textes !

« Je vous retirerai d’entre les nations, Je vous rassemblerai de tous les pays où vous avez été dispersés, et Je vous ramènerai dans votre pays… Vous habiterez le pays que J’ai donné  à  vos pères… » (Ezéchiel 34/13, etc…)

« On dira: L’Éternel est vivant, Lui qui a ramené la postérité de la maison d`Israël du pays du septentrion… »

Combien sont venus du pays du nord, de la Russie? 1 million ? 1 million et demi ?

« Vos fils et vos filles reviennent… Le désert refleurira… Les fruits du pays se répandront sur toute la terre ».

N’est-ce pas ce que l’on voit ? Qui, dans tous nos pays, n’a jamais mangé les oranges de Jaffa ? Et toutes sortes d’autres agrumes et fruits d’Israël ?   J’aimais contempler tout cet amour de Dieu, et l’accomplissement de Ses promesses !

En voyant tout cela, comment peut-on prétendre qu’ils sont rejetés par Dieu ? D’autant que nos propres textes affirment le contraire : l’apôtre Paul lui-même n’a-t-il pas écrit :

« Dieu a-t-Il rejeté Son peuple ? Loin de là  !… Ils sont bien-aimés à  cause de leurs pères, car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables. » (Paul aux Romains 11/1;28)

  Luc nous parla aussi de ce que Dieu nous dit, à  nous, les non-Juifs :

« Consolez Mon peuple, parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui que sa servitude est finie… » (Esaïe 40/1…)

N’a-t-on pas envie de pleurer, lorsque l’on voit que nos pays, et nos frères dans la foi, ont fait tout le contraire, durant tant de siècles, et que beaucoup continuent à  faire de même aujourd’hui ?

  Pourtant, si Dieu annonce tellement clairement :

« Je maudirai ceux qui te maudiront » (Genèse 12/13),

ne devons-nous pas prendre garde à  nos paroles, à  nos actes, à  nos positions ?

Bien sûr, les médias peuvent nous présenter ce qu’ils veulent, et la raison humaine pourrait nous dicter des solutions pour une paix, mais nous sommes avertis :

« J’entrerai en jugement avec toutes les nations, au sujet de Mon peuple, d’Israël… et au sujet de Mon pays qu’elles se sont  partagé. » (livre de Joël, chapitre 3/1,2)

  Si j’aime Dieu, et si je respecte ce qu’Il dit, ne dois-je pas aimer et bénir Israël ; lui faire tout le bien que je peux ?

Pour ma part, j’ai choisi. À la fin de la semaine, Luc a proposé de prier pour ceux d’entre nous qui voulaient recevoir dans le coeur l’amour de Dieu pour Israël. Je sais qu’à  ce moment précis, Dieu a mis en moi et dans ma vie quelque chose de spécial pour les amis juifs et pour Israël. J’avais conscience que ma vie était changée pour toujours.

Mais… je ne pensais pas qu’elle en serait… autant bouleversée !!!