transmis par Lorraine – Mis en page et en images par Michèle H.

Préambule d’Elisheva Villa : À la LECTURE du récit de cette vision prophétique reçue par Robert BURNELL et qui est contenue dans le livre  » Visions de la Moisson  » de Rick JOYNER, il m’a semblé utile de la faire connaître à  un large public et par le moyen de l’Internet. Cette  » vision  » qui oppose le christianisme religieux à  la Cité de DIEU, a été écrite par Robert BURNELL. Elle fut d’emblée reconnue comme un grand classique et publiée pour la première fois en 1980. Cette vision révélait avec précision les conflits qui agiteront l’Eglise avant  » la moisson dernière « …

Sauvez-vous du christianisme formel ou les 2 Cités. Par Robert BURNELL

Je vois, dans mon rêve, la silhouette d’un homme qui avance, solitaire, sur une route. Au moment où le soleil se couche, au pied des collines, il découvre une cité. A mesure qu’il approche, le voyageur s’aperçoit qu’elle semble abriter un nombre important d’églises. Des clochers et des croix découpent l’horizon.

L’homme presse le pas. Est-ce là  le lieu de sa destination ? Il passe devant un édifice imposant qu’un néon aveuglant désigne comme  » Cathédrale du Futur « . Un peu plus loin, l’entrée d’un stade, tout illuminé de projecteurs, porte une enseigne annonçant fièrement une foule de 50.000 personnes, trois soirs par semaine, pour des réunions évangéliques.

Plus loin, des chapelles modestes du style  » Nouveau testament  » et des petites synagogues messianiques s’alignent, côte à  côte, le long de la rue.

· Est-ce ici la Cité de Dieu ?

demande-t-il à  une femme qui tient le bureau d’informations sur la place de la ville.

· Non, répond-elle : vous êtes dans la Cité Chrétienne.

· Mais je pensais que cette route menait à  la Cité de Dieu ! s’exclama-t-il déçu.

· C’est ce que nous pensions tous en arrivant ici, répond la femme avec sympathie.

· Mais cette route continue et gravit la montagne, n’est-ce pas ? poursuit le voyageur.

· En réalité, je n’en sais trop rien, répond-elle évasive.

A ces mots, je vois l’homme se détourner pour prendre le chemin de la montagne. La nuit est maintenant presque tombée. Arrivé au sommet, il cherche à  apercevoir ce qu’il y a à  l’horizon, mais il ne voit absolument rien ! Un frisson le parcourt. Il revient sur ses pas et prend une chambre dans un hôtel de la Cité Chrétienne.

Le lendemain, à  l’aube, mal reposé, il repart vers la montagne ; alors dans la lumière du soleil, il découvre ce qui lui avait semblé un étrange vide, la nuit précédente : c’est un désert ! sec, brûlant, à  perte de vue, du sable qui ondule. Le chemin se rétrécit faisant place à  un passage qui gravit une dune et puis s’arrête.

· Est-ce qu’un sentier pareil peut conduire à  la cité de Dieu ? s’interroge à  haute voix le pèlerin.

Absolument désert, il semble que presque personne ne l’emprunte. L’indécision le fait ralentir, puis le ramène à  la Cité Chrétienne. Là , il s’installe à  une table dans un restaurant chrétien. Au son d’une musique de gospel, je l’entends poser sa question à  un homme près de lui :

· Ce sentier sur la montagne, là  où le désert commence, est-ce qu’il mène à  la Cité de Dieu ?

· Ne faites pas l’idiot ! réplique vivement son voisin. Tous ceux qui l’ont pris se sont égarés… engloutis par le désert ! Si vous cherchez Dieu, il y a plein de bonnes églises dans cette ville. Choisissez-en une et installez-vous !

En quittant le restaurant, l’air fatigué et désemparé, le voyageur trouve un coin d’ombre au pied d’un arbre et s’assied pour réfléchir. S’approche un vieillard qui s’adresse à  lui d’un ton pressant :

· Si tu restes ici, dans la Cité Chrétienne, tu vas te dessécher. Il faut que tu prennes ce sentier. J’appartiens au désert que tu as vu tout à  l’heure et j’ai été envoyé vers toi pour t’encourager à  continuer ta route. Tu vas avoir de longues distances à  parcourir. Tu souffriras de la chaleur et de la soif, mais des anges seront tes compagnons et tu trouveras des sources le long du chemin. Enfin, au bout du voyage, tu atteindras la Cité de Dieu ! Tu ne peux en imaginer la splendeur ! A ton arrivée, les portes s’ouvriront devant toi, car tu y es attendu.

· Tout ce que tu me dis semble merveilleux, répond le voyageur, mais j’ai peur de ne pouvoir survivre dans ce désert. Je ferais probablement mieux de rester ici, dans la Cité Chrétienne.

Le vieillard sourit et reprend :

· La Cité Chrétienne est pour ceux qui veulent la religion mais sans avoir à  perdre leur vie. Le désert, lui, c’est le territoire de ceux dont le cœur a tellement soif de Dieu qu’ils sont prêts à  se perdre en Lui. Mon ami, le jour où Pierre a ramené sa barque au rivage puis, laissant tout, a suivi Jésus, il s’est fait engloutir par le désert.

. Matthieu, quand il abandonna son travail de collecteurs d’impôts et Paul son titre de pharisien, et quittèrent tous deux une ville ressemblant à  celle-ci pour suivre Jésus à  travers les dunes, ils se sont perdus en Dieu. Alors ne crains plus. Beaucoup y sont passés avant toi.

Le voyageur détourne son regard des yeux perçants du vieil homme pour observer la grande ville animée. Il y voit des gens s’affairer ici et là , avec leur Bible et de beaux attachés-cases, donnant l’impression d’hommes et de femmes qui connaissent parfaitement leur destinée.

Mais il est clair qu’il leur manque ce  » plus  » que possède le vieillard aux yeux de prophète.

Dans mon rêve, je m’imagine tout ce qui peut passer par la tête du pélerin :  » Si je décide de m’en aller, comment être sûr que je vais réellement me perdre en Dieu ? Au Moyen- ge des chrétiens essayaient d’atteindre ce but en laissant derrière eux le monde pour se retirer dans des monastères.

Et beaucoup d’entre eux, que de déceptions ont-ils dû éprouver en s’apercevant que le monde était toujours là  ! Et puis ceux de la Cité Chrétienne, qui se préparent à  partir dans la jungle ou à  visiter un obscur taudis, peut-être sont-ils tous près, eux aussi, de se perdre en Dieu ?

Pourtant, je sais qu’il est possible à  quelqu’un de voyager jusqu’aux extrémités de la terre sans se perdre lui-même…

L’homme se ressaisit, il regarde à  nouveau le vieillard qui s’engage sur la route montant jusqu’à  l’étroit passage où le désert commence. Tout à  coup, sa décision est prise et d’un bond, il s’engage à  sa suite. Quand il le rejoint, ils n’échangent pas un mot.

Le vieil homme tourne brusquement sur sa droite et lui fait grimper encore un autre sentier très escarpé celui-là , car il mène à  un pic enveloppé d’un nuage lumineux. L’ascension en est très difficile et je vois l’homme pris de vertige et commençant à  vaciller.

Alors, son guide fait une pause et lui offre à  boire le contenu d’une gourde qu’il porte suspendue à  l’épaule. Exténué, il boit à  grosses gorgées :

· Oh ! je n’ai jamais bu une eau aussi délicieuse, dit-il réconforté. Merci !

· Maintenant, regarde ici ! dit le vieillard en montrant au loin un panorama qui n’a nullement l’aspect monotone et désolé.

A leurs pieds, le désert s’est revêtu de couleurs multiples et pleines de nuances. A une très grande distance, une lumière ardente palpite et se déplace au-dessus de l’horizon comme si elle était vivante.

· Voilà  la Cité de Dieu ! Mais, avant d’y arriver, il faudra que tu traverses ces quatre déserts que tu aperçois. Juste en dessous de nous, c’est le désert du pardon.

Le pèlerin distingue alors des petites silhouettes, assez va- gues, qui s’avancent lentement en direc- tion de la Cité, séparées les unes des autres par plusieurs kilomètres.

· Comment peuvent-ils survivre dans une solitude pareille ? demande-t-il. N’auraient-ils pas intérêt à  marcher ensemble ?

· Eh bien ! En réalité, ils ne sont pas seuls, lui répond le vieillard. Chacun d’eux a pour compagnon le pardon de Dieu. Ils se laissent engloutir par le désert de l’immense étendue de la grâce du Seigneur. Tandis qu’ils avancent, le Saint Esprit leur dit :

 » Voyez l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! « 

. Ils sont entièrement guéris pendant leur marche.

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Juste après, il semble apercevoir une étendue bleutée.

· Est-ce une mer ? demande le voyageur.

· Cela ressemble à  de l’eau, mais il s’agit d’une mer de sable, répond le vieillard. C’est le désert de l’Adoration. Tiens, mets ces lunettes et tu verras qu’il y a là  aussi des gens qui marchent. Regarde comme ils se regroupent. Ils commencent à  goûter, pour la première fois, à  la joie de la Cité : l’adoration. Ils sont en train de découvrir qu’ils ont été créés pour adorer Dieu. Cela devient leur vie, la source vive de tout ce qu’ils font.

· Mais les habitants de la Cité Chrétienne ne sont-ils pas eux aussi des gens qui adorent ? répond le voyageur. Qu’y a-t-il de spécial dans ce désert ?

· L’adoration, je veux dire la véritable ado- ration, répond le vieil- lard, ne peut naître que d’une vie qui s’est complètement aban- donnée au désert de la présence de Dieu.

Ici, les cœurs commencent à  adorer le Père en esprit et en vérité.

Le vieil homme porte ensuite ses regards au-delà  de l’étendue bleutée, vers un espace où le désert devient montagnes rouges et sauvages, et il explique au voyageur qu’au cœur de ces pics rougeâtres se trouve le désert de la prière :

· En le traversant, dit le vieillard, les pèlerins découvrent la nécessité de se débarrasser de toutes distractions pour se concentrer sur la prière. Ils apprennent vite que le seul moyen d’y survivre est de crier à  Dieu continuellement. Le temps qu’ils en atteignent les limites, la prière est devenue une passion qui les dévore et une joie suprême. La Cité de Dieu semble se dresser juste au-delà  de ces montagnes, mais celles-ci, en réalité, cachent à  nos yeux le dernier désert que tu auras à  traverser pour atteindre ta destination. Il s’appelle simplement  » La moisson « . Tu le connaîtras en y arrivant.

Juste derrière, c’est la Cité de Dieu. Ton nom y est connu et tu y es attendu avec impatience.

. Viens, mettons-nous en route !

· Mais, remarque notre ami, la tombée de la nuit n’est pas vraiment favorable pour entreprendre un tel voyage !

· Oh ! ne retourne pas à  la Cité Chrétienne ! répond le vieil homme en l’observant instamment.

· Même pas pour ce soir ? Je pourrais profiter d’une bonne nuit de sommeil et partir au lever du jour, ajoute l’homme espérant être entendu.

· Mais le repos qu’il te faut est devant tes pas, insiste l’autre. Allons tout de suite au désert. Le Saint Esprit va t’aider. N’aie pas peur de te perdre en Dieu. Tu ne trouveras ta vie nulle part ailleurs !

1. Le Désert du Pardon

Le vieil homme laisse là  le pèlerin, seul, à  la lisière de ce grand désert du pardon. Derrière lui, les lumières de la Cité Chrétienne lui font signe de revenir. J’imagine sans peine que la pensée d’une conversation amicale autour d’un bon repas chaud et l’idée d’aller dormir dans un lit confortable ont quelque attrait sur lui. Mais peu après, se lit sur son visage une ferme résolution et je l’entends murmurer :

· Non ! Plus de doute, c’est cette route que je dois prendre, car je ne trouverai ma vie que si je la perds. C’est une certitude. Seulement, comment puis-je être sûr, en m’engageant dans ce désert, que ma vie va se perdre en Dieu et non se perdre tout court ? J’ai rencontré bien des croyants qui avaient pris un chemin solitaire pour atteindre la Cité de Dieu, mais celui-ci les avait entraînés dans des conceptions irréalistes, des contrefaçons d’expériences religieuses. Elles avaient abouti à  la destruction de leur esprit et de leur vie. Il est certain que le danger de se contenter de moins que la vie en s’installant dans la Cité Chrétienne, doit être mis en balance avec le danger possible de la perdre dans un désert d’illusion spirituelle. Je suis sûr, en plus, que l’obscurité qui s’étend devant mes pas, cache non seulement le chemin vers la Cité de Dieu, mais aussi une quantité de pièges où les voyageurs peuvent se laisser prendre par la vanité de cheminer seuls et se retrouver en enfer… Comment puis-je donc être certain de discerner le vrai chemin ?

A ce moment la lumière suspendue au-dessus de l’horizon, et que j’avais d’abord prise pour une étoile dans mon rêve, prend soudain la forme d’une croix et se tient juste au-dessus du sentier, devant les pas de l’homme. Levant la tête, il l’aperçoit et son cœur tressaille de reconnaissance.

Ses lèvres murmurent :

 » Le Pardon ! « 

Puis avec révérence, il cite ces quelques mots :

 » Ainsi Jésus, lui aussi, a souffert hors de la porte afin de sanctifier le peuple par son propre sang. C’est pourquoi allons à  lui hors du camp, en portant l’opprobre qu’il a endurée. Car nous n’avons point de cité permanente ici-bas, mais nous cherchons celle qui est à  venir… »

· OUI, j’irai jusqu’au bout ! dit l’homme, rempli de joie. Et il se met en route.

A l’aube, il ne voit rien que du sable : du sable, le ciel et un sentier, qui se distingue de tous les autres par la croix suspendue juste au point où il atteint l’horizon. Lorsque le jour touche à  sa fin, le voyageur est visiblement épuisé, malade de soif et de chaleur. Et alors qu’il semble ne plus pouvoir avancer, un inconnu paraît à  ses côtés.

· Sur la prochaine montée, tu trouveras une source dit l’ange.  » Encore un effort ; tu es presque arrivé «  ajoute-t-il pour l’encourager.

Le voilà  bientôt allongé près de la source, buvant son eau fraîche et mangeant de la nourriture que l’étranger secourable lui offre. Puis, il lui explique : C’est cela le désert du pardon. Les gens s’attendent généralement à  ce que le pardon de Dieu ressemble à  un beau parc avec des fontaines, des ruisseaux, des pelouses. Ils ne peuvent comprendre pourquoi ce doit être un désert.

Pourtant, chacun a besoin de découvrir que son pardon est tout – absolument TOUT !

Or, cela n’est possible que dans un désert, là  où le chrétien en arrive à  ne plus rien voir, ne plus apprécier, ne plus espérer en rien d’autre que la croix de Jésus.

L’ange cite ici plusieurs passages de l’Epître aux Galates :

 » En ce qui me concerne, je ne veux à  aucun prix placer ma fierté ailleurs que dans la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la croix. Par elle, en effet, le monde du péché a été crucifié pour moi, de même que moi je l’ai été pour ce monde. Peu importe d’être circoncis ou non. Ce qui compte, c’est d’être une nouvelle créature. Que la paix et la grâce de Dieu soient accordées à  tous ceux qui suivent cette règle de vie, ainsi qu’à  l’Israël de Dieu « .

 » Car c’est par la Loi que je suis mort au régime de la Loi afin de vivre pour Dieu. En effet, j’ai été crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu’homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s’est livré à  la mort à  ma place. Ainsi, je ne rejette pas la grâce de Dieu en revenant à  la Loi. En effet, si c’est l’obéissance à  la Loi qui permet d’être déclaré juste, alors le Christ est mort pour rien ! « 

· Crois-tu que Paul a traversé ce désert ? demande le pèlerin.

· Oui, il l’a traversé. Il avait, pendant des années, travaillé très dur dans la Cité de la Religion, afin de devenir un homme religieux exemplaire. Pourtant, il n’avait pas trouvé de paix pour son esprit. Ensuite, Paul a rencontré Jésus et, dès cet instant, Jésus signifia pour lui une seule réalité : le pardon. Il était submergé par le fait d’être pardonné. Le pardon offert par la croix fut dorénavant le thème de toute sa vie.

. Cependant, tu vois, c’est précisément dans ce désert qu’il a expérimenté pour la première fois le Royaume de DIEU comme une réalité dans sa propre vie.

· Alors, je suis en train de marcher là  où les apôtres sont passés ? dit-il avec une crainte émerveillée.

· Te souviens-tu de la réaction de Pierre lorsque après avoir jeté le filet sur l’ordre de Jésus, il le retira surchargé de poissons ? Ses premiers mots furent :

 » Éloigne-toi de moi, Seigneur, je suis un homme pécheur « .

. Mais Jésus lui répondit :

 » Ne crains pas ! désormais, tu seras pêcheur d’hommes « .

. Dans cette réponse, Jésus voulait dire : «  ton péché, je m’en chargerai « .

. Après avoir amené la barque à  terre, Pierre et ceux qui étaient avec lui laissèrent tout et suivirent Jésus. Ils le suivirent ici, dans ce désert du pardon, marchant en direction d’une croix. Ensuite, Jésus après être passé par la mort pour les péchés de Pierre, après être ressuscité pour sa justification, et peu avant de le baptiser du Saint Esprit, dit à  cet homme qui l’avait trois fois renié :

 » Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?…Pais mes brebis « .

Et, avec cette question et cet ordre trois fois répétés, la vie de Pierre se trouva guérie par le pardon de Son Seigneur.

Le voyageur reprit :

· Pendant des années, j’ai essayé de saisir le pardon comme une doctrine et non comme une théorie, car je voulais le connaître tout simplement dans sa réalité. J’ai désiré me laisser immerger, baptiser, perdre en lui. J’ai aspiré à  entendre Jésus me dire personnellement :

 » prends courage, enfant, tes péchés te sont pardonnés « .

. J’avais besoin que le sang de la croix coule dans mon cœur et le purifie.

· Tu es venu au bon endroit, répond son compagnon, et avant que tu n’atteignes l’autre limite de ce désert, tu goûteras au soulagement qu’il y a à  sentir le poids de la culpabilité qui, telle une lourde pierre t’entraînant toujours en bas, se détache de tes épaules et roule loin de toi. Tu commenceras à  marcher devant Dieu sans honte, et aussi fortement que tu étais obsédé jusqu’ici par la nécessité de faire des progrès, tu ne pourras bientôt plus penser qu’à  son pardon.

· Ne voir plus rien d’autre que le pardon de Dieu ? interroge le voyageur.

· Oui, dit l’ange, tu seras tellement obnubilé par sa miséricorde que tu te trouveras pour la première fois de ta vie, libéré de l’opinion des autres.

· Oh, pas moi alors ! répond l’homme vivement.

Le messager poursuit :

· La femme qui a lavé, de ses larmes, les pieds de Jésus, avait la pensée tellement captivée par son pardon qu’elle ne prêtait aucune attention à  l’opinion, ni aux réflexions des invités. Ou le lépreux purifié qui revint fou de joie se jeter aux pieds de Jésus pour le remercier parce que, plus que la guérison de son corps, il avait reçu la guérison de son être intérieur par le pardon. Zachée, encore, qui a grimpé sur un arbre pour voir Jésus ; il regardait son pardon en personne venir à  lui sur la route. Le pardon a tellement envahi sa vie ce jour-là  que ses anciennes chaînes de profiteur se brisèrent. Tu es arrivé au lieu où tu vivras, toi aussi, une expérience de cet ordre.

Le pélerin se remet en route. Son compagnon mystérieux chemine à  ses côtés une heure ou deux en silence, puis disparaît subitement.

Oh ! que je suis heureux » s’écrie notre ami. C’est sans doute la même joie que les disciples avaient dans le coeur en revenant à  Jérusalem après l’ascension de Jésus ».

Dans la lumière en forme de croix, ses yeux distinguent la silhouette d’une femme gravissant la crête de la dune qui est devant lui et qui vient lentement à  sa rencontre. Il se rend compte qu’il la connaît. D’après l’expression de son visage, il devine que cette personne lui a fait du mal. Elle s’approche, en ne le quittant pas de ses yeux, et dit :

· Veux-tu me pardonner ?

Le pèlerin s’arrête immobile. La femme s’approche encore et demande pour la seconde fois :

· Veux-tu me pardonner ?

Ils sont maintenant face à  face et elle répète sa question une troisième fois :

· Veux-tu me pardonner ?

Son compagnon l’instruit sans bruit, de nouveau :

· Ce désert du pardon n’est pas seulement l’endroit pour le recevoir, mais aussi pour le donner. Cette femme est la première d’une série de personnes de ton passé à  qui tu n’as jamais réellement pardon- né.

L’indulgence surnaturelle qui a inondé ton être tout le jour est maintenant confrontée à  l’amertume enfouie dans ton âme depuis toutes ces années.

Tu vas avoir à  choisir le pardon des lèvres, artificiel et stérile de ta vie passée, qui ne peut même pas te suffire à  être poli avec cette femme, ou le pardon de Dieu, qui est entré à  flot au point de t’envahir comme une obsession, et qui peut maintenant couler hors de ton coeur, si tu le lui permets.

A ces mots, le pèlerin tend la main, prend celle de la femme et la regarde dans les yeux en répondant :

· Bien sûr que je te pardonne !

Elle se met à  pleurer et, au moment où elle prononce :  » merci « , elle disparaît. Ensuite, arrive le monsieur du restaurant de la Cité chrétienne, qui a traité d’idiot le voyageur. Il arrive tout essoufflé et s’éponge le visage avec son mouchoir. Dans son trouble, il se met à  le supplier de lui pardonner.

· Bien sûr, bien sûr, dit avec cordialité le pèlerin. Ce n’est rien. N’y pensez plus !

· Je vous en prie, implore son interlocuteur, ne prenez pas cela à  la légère ! j’ai besoin de votre pardon. Voulez-vous me pardonner réellement, du fond de votre cœur ?

· Mais je l’ai déjà  fait, répond notre homme.

A ces mots, son compagnon l’éclaire sur la situation :

· C’est de ton pardon qu’il a besoin, pas de ta courtoisie, mais d’un pardon actif et sincère. Il a besoin que tu l’aimes.

· Mon ami, vous êtes pardonné, dit alors le voyageur avec sincérité et respect dans la voix.

Visiblement soulagé, l’homme murmure  » merci «  et disparaît dans l’air du désert.

Alors, son compagnon rappelle au pèlerin le texte de Matthieu 18 :

Pierre lui demanda :  » Seigneur ? Combien souvent pardonnerai-je à  mon frère lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à  sept fois ? Jésus lui répondit : je ne te dis pas jusqu’à  sept fois, mais jusqu’à  soixante-dix-sept fois sept fois « .

Suite prochain « souffle de vie »…