Plusieurs trouvent le courage de quitter une église abusive, mais ils auront vite fait de se joindre à une autre église du même genre, ou encore ils s’épuiseront à dénoncer cette même dynamique qui dominait le milieu auquel ils venaient à peine d’échapper.

Les relations entre les gens qui font partie d’un environnement religieux abusif sont soumises aux dynamiques suivantes:

1. La revendication du pouvoir

La première caractéristique d’un système religieux abusif, c’est l’accent qui est placé sur le pouvoir. Cela veut simplement dire que les dirigeants sont très centrés sur leur propre autorité et qu’ils passent beaucoup de temps à se rappeler à eux-mêmes et aux autres l’importance de leur position.

Il leur est nécessaire d’agir ainsi car leur autorité spirituelle n’est pas authentique, ni fondée sur un vrai caractère chrétien; ce n’est qu’un titre.

J’ai rencontré dernièrement un couple de jeunes mariés qui ont pris la décision de quitter leur église parce que le pasteur demandait à tous les membres de considérer ses paroles comme si elles venaient du Christ.

« Dans ce troupeau, disait-il, c’est moi qui suis le berger responsable. »

Si l’autorité spirituelle de ce pasteur avait été réelle, il n’aurait jamais eu besoin d’en faire un tel étalage. Il ne désirerait pas non plus devenir cette « idole » convoitant la position réservée uniquement au Roi des rois.

Le passage de Matthieu 7 nous dit:

« Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité et non pas comme leurs scribes » (Matthieu 7:28-29).

Pendant que les scribes et les pharisiens s’évertuaient à imposer leur autorité, Jésus manifestait son autorité et les gens pouvaient voir la différence.

Dans son livre « Taking our Cities for God » (Gagner nos villes pour Dieu), John Dawson écrit:

–  » Celui qui offre aux gens le plus d’espoir, c’est celui qui a le plus d’autorité. « .

De tout temps, c’est Jésus qui nous a offert le plus d’espoir.

Ceux qui occupent une vraie position d’autorité manifestent cette autorité par une démonstration de puissance spirituelle, par leur crédibilité, et par leur vie et leur message. Sinon ils ne sont pas de vrais dirigeants.

Ceux à  qui Dieu accorde de l’autorité spirituelle sont ceux qu’il a conduits à une communion réelle avec lui, à travers laquelle il se révèle et confirme sa Parole.

L’autorité spirituelle se perçoit à  travers les gens dont la vie communique: « Dieu est vrai ainsi que sa Parole, et cette réalité a été éprouvée jusque dans les fibres de mon être. Je sais qu’il y a de l’espoir en Dieu. »

Comme l’exprime bien Romains 13:1:

« Il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu. »

Dans Matthieu 28: 18, Jésus affirme:

« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. »

Et Matthieu 10: 1 ajoute:

« Puis ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir… ».

Le fait d’avoir été engagé ou élu à une position religieuse, d’être celui qui fait le plus de bruit ou qui donne le plus, ne signifie pas qu’un individu ait reçu l’autorité. C’est Dieu qui donne l’autorité et il l’accorde dans le but de servir les membres du corps de Christ, de les édifier, les outiller et les rendre libres afin qu’ils puissent participer au plan de Dieu, plan qui n’est pas nécessairement similaire au plan des dirigeants.

Il est évident qu’il y a plusieurs dirigeants dans le corps de Christ à qui Dieu a donné l’autorité de prendre soin du troupeau, et c’est pour cette raison que les gens vont les suivre. Ils conduisent les gens à la liberté. Malheureusement, certains autres sont élus au poste de dirigeant sans démontrer aucune autorité réelle pour libérer les gens. Ils dépensent beaucoup d’énergie à  élever leur position d’autorité et à insister pour que les gens s’y soumettent. Le fait qu’ils attachent une telle importance à la soumission à leurs paroles et à  leur « autorité » est un indice qu’ils agissent de leur propre chef.

2. Obsédés par les accomplissements religieux

Dans les milieux spirituels abusifs, le pouvoir est placé sur un piédestal et l’autorité a force de loi. C’est la raison pour laquelle ces systèmes sont tellement axés sur les actes religieux de leurs membres.

L’obéissance et la soumission y sont des mots importants que l’on y utilise très souvent.

Voici un extrait du bulletin hebdomadaire d’une église. Cet article est celui du pasteur:

« Déchus de la grâce« :

« Dimanche dernier, nos assistances ont descendu au-dessous de la ligne des 200 pour la première fois en 13 semaines. Notre croissance de 200 et plus s’est arrêtée à la 13e semaine: nous sommes déchus de la grâce!… J’aimerais réellement vous voir tous présents pour venir adorer pendant les quatre prochains dimanches afin que nous puissions terminer l’année avec un gros « bang ». Faisons en sorte que cette année soit vraiment une bannière pour notre église. Nous avons eu de bonnes assistances, de belles offrandes, une grande participation dans tous nos programmes. Alors préparons- nous pour une nouvelle décennie en retournant de nouveau à la grâce« .

Comment ces gens avaient-ils reçu la grâce de Dieu à  l’origine? Par une assistance de plus de 200 personnes à  l’église. Comment ont-ils perdu cette grâce  ? En voyant l’assistance diminuer. Quelle compréhension déformée de la grâce !

Ce dirigeant désire-t-il vraiment que les gens soient renouvelés dans la grâce ou désire-t-il simplement les voir performer davantage ? Allons-nous à l’église pour être encouragés à  faire confiance à Jésus ou pour se sentir poussés à faire plus d’efforts  ?

C’est comme si ce pasteur évangélique faisait le lien entre l’assistance aux réunions de l’église et l’obéissance à Christ.

Mais Dieu nous enseigne qu’il regarde premièrement au cœur.

Il ne désire pas que nous faisions les bonnes choses pour les mauvaises raisons  ! Nous savons bien que l’obéissance à  Dieu n’est pas négociable.

Cependant pour discerner si « quelqu’un fait la bonne chose pour la mauvaise raison« , remarquez si cette personne fait le compte-rendu de ses œuvres. Disons-le d’une autre façon: Si le service et l’obéissance jaillissent de votre cœur comme un fruit de votre dépendance de Dieu seul, vous ne prendrez aucune note de vos œuvres comme pour garder un œil sur la récompense: vous obéissez et c’est tout. Mais si vous vous demandez si cela est suffisant pour plaire à Dieu, alors vous ne comptez plus sur lui, mais sur vos propres œuvres.

Et vous êtes soucieux du fait que d’autres pourraient aussi vous regarder et vous évaluer… Pourquoi vous serait-il nécessaire de garder le compte de vos bonnes actions, sinon pour essayer de gagner des « points spirituels »?

Voici le triste exemple d’une église qui à  ses débuts exerçait un ministère en faveur des gens de la communauté. On demanda un jour à  ceux qui travaillaient pour l’église de prendre en note les détails de l’utilisation de leur temps et d’en faire un compte rendu quotidien aux dirigeants. On évaluait ainsi les gens pour voir s’ils utilisaient leur temps avec sagesse, c’est-à -dire de la manière dont « Dieu le voulait ». La plupart d’entre eux se firent reprocher de ne pas lire suffisamment la Bible et ce sont les dirigeants qui établissaient la norme à ce sujet. On reprocha aux gens de passer 15 minutes dans leur bain au lieu de 10.

Après tout, ils devraient lire la Bible pendant ces 5 minutes de temps racheté, ce qui implique que dans ce milieu, ce sont les dirigeants qui décident de la durée acceptable d’un bain. Ce milieu n’encourage nullement la sainteté ou l’obéissance à  Dieu, il ne sert qu’à  accommoder l’interprétation spirituelle maladive des dirigeants et leur désir de contrôler les gens. L’obéissance et la soumission sont-elles importantes  ? Bien sûr.

C’est ce que nous voyons dans Romains 13:1:

« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures. ».

Dans 1 Pierre 5:5:

« Soyez soumis aux anciens. ».

Dans Hébreux 13:17:

« Obéissez à  vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence. ».

Mais toutefois, pour apporter un équilibre à  ces passages, il faut considérer les paroles de Pierre et des autres apôtres:

« Il faut obéir à  Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29).

Prenez note que Pierre s’adresse à des dirigeants religieux auxquels lui-même désobéissait. En théorie, l’obéissance aux dirigeants semble faire partie d’une bonne théologie.

Dans la pratique, il est approprié d’obéir et de se soumettre seulement lorsque leur autorité vient de Dieu et que ce qu’ils disent est en accord avec ce que Dieu dit.

Pour plusieurs raisons, les gens vont parfois exécuter des ordres dans le seul but d’éviter l’humiliation, de gagner l’approbation de quelqu’un ou de garder intact leur statut personnel ou celui de l’église.

Ceci n’est pas la vraie obéissance, ni la vraie soumission. C’est plutôt une recherche de conformité. Lorsqu’une action est imposée de l’extérieur plutôt que de jaillir d’un cœur rempli d’amour pour Dieu, il ne peut être question d’obéissance.

Ce n’est que de la faiblesse conformiste qui plie devant une pression extérieure.

L’apôtre Paul dit dans Romains 12:2:

« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence. ».

Ne soyez pas conformistes, soyez transformés.

Le mot conformité signifie: « une pression exercée de l’extérieur vers l’intérieur. »

Paul est en train de dire: « N’agissez pas sous pression. »

À l’intérieur d’une famille ou d’une église qui préconise les efforts humains, ce verset serait appliqué comme suit  :

-« Notre église ou nos responsables ont raison, nous avons une « Parole » de Dieu plus pure et plus vraie que les autres. Aussi devons-nous adhérer à  notre méthode ou notre « marque » de christianisme le plus rapidement et le plus solidement possible, de peur de devenir comme ces autres « du dehors » qui ne pensent pas comme nous. Si je ne suis pas à  la hauteur de tout ce qu’on m’a enseigné ici, c’est comme si je laissais tomber Dieu. »

Cette façon de penser produit une pression de l’extérieur et les gens ne sont pas transformés, mais ils doivent se conformer. La transformation devrait s’opérer à  l’intérieur et par la suite produire des actions extérieures, non pas le contraire.

Ne cédez pas aux pressions extérieures; soyez transformés!

3. Les règles sous-entendues

Dans les milieux spirituels abusifs, la vie des gens est contrôlée de l’extérieur par le moyen de règles verbales ou sous-entendues. Les églises ou les familles disfonctionnelles sont gouvernées par ces règles sous-entendues  : c’est-à -dire qu’on ne les exprime pas ouvertement. C’est pourquoi on ne peut soupçonner leur existence jusqu’à ce qu’on les enfreigne.

Par exemple, personne, dans une réunion d’église, n’oserait affirmer ouvertement:

– « Vous savez, vous ne devez jamais être en désaccord avec le pasteur ou avec ses sermons et si cela se produisait, vous ne pourriez être dignes de confiance, ni exercer de ministère dans cette église. »

Dans ce cas, la règle sous-entendue est  : ne soyez pas en désaccord avec les autorités de l’église et spécialement avec le pasteur sinon votre loyauté sera remise en question.

Ces règles doivent demeurer sous-entendues, car si elles étaient examinées à  la lumière d’un dialogue intelligent, leur nature illogique, pernicieuse et contraire au christianisme apparaîtrait vite. Ainsi, le silence devient le mur de protection de cette forteresse, couvrant le pasteur et le pouvoir relié à  sa position, tout cela sans risque de contestation.

Si toutefois vous exprimiez votre désaccord ouvertement ou en public, le silence serait rompu et vous seriez probablement punis. Vous découvririez alors accidentellement qu’il y avait bel et bien une règle, même si elle est sous-entendue.

Lorsque vous découvrez ainsi, par hasard, une règle sous-entendue, vous devez en subir les conséquences  : ou bien vous serez par la suite ignorés (négligés, mis de côté, évités) ou vous vous heurterez au mur du légalisme agressif ([vous serez questionnés, censurés publiquement, mis à  la porte et dans les cas extrêmes vous serez maudits]). Les règles sous-entendues ont une puissance incroyable.

Votre vie est peut-être actuellement sous l’effet de certaines d’entre elles. Faisons un petit test  :

Est-ce que vous provenez d’un arrière-plan religieux où l’on vous a enseigné que la Bible devait toujours avoir le dernier mot  ?

– « La Bible est l’autorité finale« , c’est la règle verbale communiquée.

Dans cette église, cette famille, y avait-il aussi une règle qui disait qu’il était préférable de bien paraître que d’être honnête  ? La règle écrite, « la Bible« , nous dit dans Éphésiens 4:25:

« C’est pourquoi, renoncez au mensonge et que chacun de vous parle selon la vérité à  son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. ».

Nous avons maintenant un problème. La règle écrite nous dit une chose et la règle sous-entendue nous en dit une autre. Voici maintenant le test. Pour ceux qui vivent là où les deux règles s’appliquent, laquelle des deux règles remporte le plus souvent sur l’autre? Malheureusement, ce n’est pas l’honnêteté. On désirerait plutôt la supprimer et la réprimer.

Dans les familles et les églises abusives, où les gens insistent à dire qu’ils s’appuient sur l’autorité des Écritures, même les Écritures ne sont pas aussi puissantes que les règles sous-entendues.

La règle du silence

La plus puissante de toutes les règles sous-entendues, c’est celle du silence. Elle contient à  la base cette pensée  :

– « On ne peut pas exposer le vrai problème car il faudrait ensuite le régler et pour cela, apporter certains changements; alors il vaut mieux le protéger dernière le mur du silence (la négligence) ou encore au moyen d’assauts (les attaques légalistes).

Si vous décidez de parler ouvertement du problème, c’est vous qui devenez le problème.

On devra alors vous garder sous silence ou vous éliminer. Ceux qui osent parler ouvertement seront vite repris  :

– « Nous n’avions pas tous ces problèmes jusqu’à  ce que vous ouvriez votre bouche. Tout allait bien jusqu’à  ce que vous commenciez à  vous agiter la langue. »

Ou encore, pour avoir une apparence plus spirituelle:

– « Vous étiez en colère et vous n’avez pas abordé la situation dans une attitude d’amour. Cela prouve que vous n’avez pu traiter la question d’une façon adulte et chrétienne. »

(Certaines remarques, ou de simples questions, peuvent vous attirer les foudres de votre église)

La vérité, c’est que lorsque les gens parlent ouvertement des problèmes, ils ne les causent pas, ils les exposent simplement. Dans les milieux spirituels abusifs, il existe une « soi-disant paix » que le prophète Jérémie a dénoncé dans ces termes:

« Les prophètes disent paix, paix, mais il n’y a pas de paix.« 

Si notre lien d’unité consiste à prétendre que nous sommes d’accord alors que nous ne le sommes pas, il ne nous reste qu’une fausse paix et une fausse unité jalonnée de tensions et de médisances. Ceci est loin de « préserver l’unité de la paix par le lien du Saint-Esprit« , ce qui devrait être la marque des églises chrétiennes en bonne santé.

Tout cela pour dire que tous les sujets devraient être ouverts à la discussion. Que nous soyons en accord ou en désaccord sur certains points, le dialogue doit demeurer ouvert si les deux parties le désirent. Nous pourrons toutefois interrompre le débat pour un certain temps si la tension est trop forte. L’important, c’est que les deux prennent ensemble cette décision. Si le vrai lien de l’unité est le Saint-Esprit et l’amour les uns envers les autres, alors il est possible d’être en désaccord sans que notre unité en soit affectée.

La « loi du silence » cherchera toujours à  blâmer la personne qui parle ouvertement et la punition qu’on lui inflige aura pour effet d’inciter les autres à  demeurer silencieux.

Voici un autre test. Suzanne a reçu de l’aide de la part de Jean, l’un des dirigeants de l’église, conseiller en relation d’aide. Un après-midi, après l’une des sessions, Jean fit des propositions sexuelles très directes à  Suzanne. Elle décida donc de le dénoncer aux autorités de l’église et à  la justice. Cela occasionna bien des problèmes à Jean, qui fut dans l’obligation de comparaître devant la cour et devant plusieurs comités.

Quelle était la source des problèmes de Jean ? Était-ce la faute de Suzanne qui l’avait dénoncé ? Non ! La source de ses problèmes provenait du fait que ses avances étaient inconvenantes et illégales. Il a su cependant, communiquer de quelque façon (et même avec l’appui du pasteur et d’autres membres de l’église) que ce qui lui a causé tous ces problèmes, c’est que Suzanne ait parlé ouvertement du problème.

Il y a cependant beaucoup de femmes, comme Suzanne, qui souffrent d’abus spirituel. On les étiquette de « femmes insoumises », « trop fortes de caractère », « déloyales », ou de « Jézabel » simplement parce qu’elles ont choisi de parler ouvertement des problèmes des dirigeants chrétiens ou parce qu’elles les remettaient en question.

Trop d’églises propagent cette intimidation:

– « Le problème n’est pas que vos droits ont été violés, mais que vous avez parlé. Si vous n’aviez pas fait une si grosse histoire de tout cela, tout irait bien. »

Toute personne qui accepte ce message gardera le silence. Toutefois, le vrai problème, c’est que si les chrétiens dont les droits ont été violés n’en parlent pas, le propagateur de ces abus ne sera jamais tenu responsable de ses mauvais comportements. Et les victimes seront dans l’obligation de garder secrètes la douleur et la colère causées par ces abus.

Même si certains dirigeants préfèrent ne jamais être remis en question, le fait demeure que cet environnement deviendra un piège qui amènera leur chute. Si le fait d’exposer des problèmes constitue un acte déloyal, un manque de soumission, une tentative d’amener la division et un affront à l’autorité, c’est qu’il n’y a qu’une paix apparente et une unité artificielle.

Dans ces circonstances, les blessures ne guériront jamais et l’abus va continuer d’augmenter.

Si les dirigeants ne sont pas redevables de leurs actes, alors il s’agit d’un système en opposition avec la liberté qui se trouve en Jésus-Christ. Le passage de l’épître de Jacques deviendrait donc invalide  :

« Qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à  enseigner car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement » (Jacques 3: 1).

Les dirigeants sont plus redevables à cause de leur position d’autorité et non pas moins redevables. Pourquoi ? Parce que si vous êtes un dirigeant, les gens vont vous suivre et vont agir de la même manière que vous. C’est comme si vous vous reproduisiez spirituellement. Quelle sorte de rejetons produisez-vous?

4. Un manque d’équilibre

La quatrième caractéristique d’un milieu spirituel abusif est une approche déséquilibrée de la vie chrétienne quotidienne. Cette tangente se manifeste sous deux aspects:

Une objectivité exagérée

Dans le premier cas, on élève une vérité objective en excluant les expériences subjectives valides. Nous pouvons constater ce phénomène dans les systèmes religieux où l’action du Saint-Esprit est reconnue sur une base théologique, mais ignorée ou rejetée au niveau pratiqueCette approche de la spiritualité crée un cadre dans lequel l’autorité s’acquiert par l’éducation ou par les capacités intellectuelles plutôt que sur l’intimité avec Dieu ou l’obéissance et la sensibilité à  son Esprit.

Ce système est en opposition aux Écritures et à  l’Esprit de Dieu. Considérons ce que nous dit Actes 4:13:

« Lorsqu’ils (les dirigeants religieux) virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’était des hommes du peuple sans instruction; ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus.« 

L’assurance de Pierre et de Jean et leur autorité provenaient du fait qu’ils avaient été avec Jésus et qu’ils étaient « remplis du Saint-Esprit » (Actes 4:8).

Le système spirituel objectif limite l’action de Dieu, en ce qu’il reconnaît seulement ce qui peut être expliqué, prouvé et expérimenté. Il place Dieu dans une boîte.

Leur trinité est donc composée de Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu la Sainte Bible, comme si l’étude et la mémorisation des Écritures étaient les seules voies de communication avec Dieu. On entonne quelques chants commémorant les grands exploits de Dieu dans le passé, cependant on n’adore plus le grand « Je suis » mais le grand « J’étais ».

Une subjectivité exagérée

À l’autre extrême, se trouvent les gens pour qui la vie chrétienne n’est que subjectivité. Ils jugent de ce qui est digne de foi sur la base de leurs sentiments et expériences, leur accordant plus de poids que les déclarations contenues dans la Bible. Dans ce système, personne ne peut connaître et comprendre la vérité (même si en réalité, ils connaissent et comprennent déjà ) sans que les dirigeants  » aient d’abord reçu des révélations spirituelles venant du Seigneur » et les « aient transférées » ensuite aux individus.

Il est aussi énormément plus important, dans ce système, d’agir selon « la parole inspirée » que le dirigeant a reçue pour vous, que selon la connaissance de la vérité que vous trouvez dans les Écritures ou que vous avez apprise au cours de votre croissance chrétienne.

Personnellement, nous croyons que Dieu peut nous parler encore aujourd’hui au moyen de « paroles de sagesse » et de « paroles de connaissance » données par des hommes et des femmes sensibles à son Saint-Esprit. Mais ces « paroles » n’occupent pas automatiquement le même niveau d’autorité que celles de Paul, Pierre, Jacques ou Jean, contenues dans la Bible qui est la Parole même de Dieu.

La seule façon de vous assurer qu’une « parole » est vraiment pour vous, c’est de la puiser dans la Parole du Seigneur, c’est-à -dire: les Écritures.

Encore là, il n’est jamais honnête d’utiliser la Bible pour manipuler les gens  :

– « J’étais en train de lire le récit d’Ananias et Saphira et tu es venu dans mes pensées. Es-tu certain que tu donnes assez d’argent à  l’église ?« .

!!!

Le fait qu’une personne utilise la Parole de Dieu ne signifie pas nécessairement qu’elle a une « parole » venant du Seigneur pour vous.

Une parole du Seigneur qui contient des directives, des corrections ou des indices pour vous guider, doit vous être confirmée par le Saint- Esprit qui habite en vous. Jusqu’à ce que cette confirmation vous soit donnée, vous ne devriez pas considérer cette parole comme venant du Seigneur, même si elle vous a été communiquée par le pasteur ou par un ancien de l’église. Et il est encore plus dangereux de recevoir et d’agir suite à une directive spirituelle que vous avez reçue, simplement parce que vous « devez être soumis », ou parce que celui qui vous l’a communiquée occupe un poste d’autorité.

Dieu seul doit avoir le dernier mot. C’est à lui que nous avons à répondre.

Comme pour l’approche objective extrémiste, les chrétiens qui sont trop subjectifs ont aussi leur propre façon de voir certains aspects de la vie. L’éducation, par exemple est souvent perçue comme mauvaise ou inutile. Certains sont presque fiers de ne pas être éduqués et ils regardent avec dédain tous ceux qui le sont. Tout ce dont nous avons besoin d’apprendre peut nous être enseigné par le Saint-Esprit.

– « Après tout, Pierre et Timothée n’ont reçu aucune éducation universitaire et ils n’ont étudié à  aucun séminaire… »

En vérité, Pierre a justement été dans un séminaire où la vérité objective et les expériences subjectives lui ont été enseignées par Jésus. Le professeur de Timothée était l’apôtre Paul. À leur époque, on communiquait l’enseignement par la méthode rabbinique, c’est-à -dire que l’étudiant vivait avec son enseignant, son mentor spirituel. Le cours de disciple a duré trois ans pour Pierre. Quant à Timothée, il continuait à  recevoir de la formation par correspondance, même après qu’il ait été en charge d’une église  !

Dans sa deuxième lettre, Paul lui écrit:

« Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à  rougir, qui dispense droitement la Parole de vérité. ».

Une autre version de la Bible « King James » traduit ce passage en disant:

« Étudie afin d’être approuvé… » ( 2 Timothée 2:15).

Il est important d’étudier la Parole de Dieu. Cela n’est pas une mauvaise chose, mais une bonne chose d’acquérir des outils efficaces pour pouvoir utiliser correctement la Parole de Dieu. Soyez prudents avec ceux qui insistent sur le fait de ne pas être éduqués ou encore de recevoir de l’éducation seulement dans certaines écoles. Sous la couverture d’une « lumière supérieure » venant du Saint-Esprit, il s’agit peut-être d’un professeur qui ne se laisse enseigner par personne, à  cause de sa perception limitée de la réalité. »


Note M.A.V: Dieu veut libérer son peuple qui doit prendre conscience qu’il aura des comptes à  rendre à  Dieu s’il accepte de se laisser ôter son autorité et ses dons, se mettre sous le joug des Nicolaïtes:

Il ne s’agit en aucun cas d’encourager une rébellion face aux autorités établies par Dieu, ou une errance d’une assemblée à une autre, parce que la sienne n’est pas parfaite. Il s’agit de rappeler au peuple de Dieu que d’accepter des jougs qui ne sont pas de Dieu, ce n’est pas de la soumission, c’est de la démission face à sa responsabilité de disciple.

Je rappelle ce que disait Néhémie:

« … Ils raidirent leur nuque et, dans leur rébellion, ils se donnèrent un chef pour retourner à  leur esclavage… » (Né 9:17).

Obéir aveuglément à  certains chefs religieux, sans chercher à savoir si telle est vraiment la volonté de Dieu pour nous, peut être considéré par Dieu, non comme de l’obéissance, mais comme de la rébellion contre Lui  ! Qu’on y réfléchisse !

Je me souviens, il y a des années, alors que je sortais d’un système abusif, avoir été particulièrement interpellée par une chose dite dans ce livre.

 »L’une  : « Dans un système abusif, quand vous voulez signaler un problème, c’est vous qui devenez le problème« .

Dans les églises où le pasteur travaille et gagne sa vie, Jésus est au centre de l’église. Mais quand les chrétiens le salarient (ce qui est NORMAL! puisque celui qui prêche l’évangile doit vivre de l’évangile), ils mettent le pasteur au centre de l’église: c’est lui qui doit tout faire (« Il est payé pour ça !« ), et tout le monde se prend à ce jeu malsain.

Car l’abus ne vient pas seulement du côté des autorités, l’abus peut aussi venir des chrétiens assis, démis, et qui aiment leur inertie qu’ils qualifient d’obéissance ou de soumission !

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